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Vibrez au son des percussions orientales d’Al-Qasar

Al-Qasar, ce sont des palais construits en Espagne, hérités du Moyen-Âge, à l’heure de la domination musulmane. Mais Al-Qasar, c’est surtout un duo de garage rock et psychédélique entre un producteur américain et un musicien marocain. Avec Miraj, sorti ce vendredi 5 juin, le groupe, né aux alentours de 2018, dépoussière l’énergie rock en misant sur les percussions orientales.


Remontons, le temps d’une chronique, quelque part entre le XIIIe et le XVe siècle. La péninsule ibérique, ainsi qu’une partie du sud de la France, sont sous domination musulmane. Fruit d’une conquête progressive, l’Al-Andalus regorge de trésors d’architectures – et surtout, des palais –, à la croisée entre les univers orientaux et occidentaux. “Al-Qasar”, c’est le nom que l’on donne à ces citadelles. Un millier d’années plus tard, c’est le nom que choisissent Thomas Attar Bellier et Jaouad El Garouge pour leur groupe, soulignant ainsi la richesse de leur musique.

Ce vendredi 5 juin sortait l’EP Miraj, un condensé d’énergie bouillante en sept morceaux. La pochette annonce la couleur : une femme se tient fièrement à l’arrière d’une moto, dans une mise en scène digne des clichés du photographe anglo-marocain Hassan Hajjaj. Pop et colorée, cette couverture annonce le démarrage sur les chapeaux de roue du disque, avec le survitaminé “Ahlan Wa Sahlan”, suivi dune reprise du mythique “Dance of Maria” d’Elias Rahbani, extrait de son disque Mosaic of Orient sorti en 1972.



C’est simple : Miraj fait l'effet d’un shot d’héroïne – bien que l'on ait jamais testé. Mêlant des influences telles que Black Sabbath et Rachid Taha, le disque atteint une symbiose idéale, notamment grâce à ses nombreuses percussions, qui lui donne son énergie débordante – et cette démangeante envie de danser… Parmi elles, on entend par exemple le riqq, le daf et diverses darboukas.

Moitié du duo Al-Qasar, Jaouad El Garouge est un musicien issu de la tradition gnawa de la ville de pêcheurs d’Essaouira, au sein de laquelle la transe joue un rôle majeur. D’où le nom de Miraj, pour cet EP psychédélique. Dans l’Islam, le mot renvoie à l’ascension, comme au voyage spirituel. Le double-sens invite également à penser au mirage dans le désert, symbolisant la dualité du groupe, entre les deux univers de ses fondateurs. Composé entre Los Angeles, Le Caire, Paris et Nashville, Miraj s’inscrit dignement dans la lignée héritée des années 70, décennie qui voit naître la pop psyché orientale des bas-fonds de Beyrouth, de Téhéran et d’Istanbul. Un genre que Thomas Attar Bellier découvre il y a une dizaine d’années et qui lui fait l’effet d’une très belle claque. Tous les secrets de la recette Al-Qasar repose donc dans l’union des compositions pop psyché avec les instruments traditionnels du monde oriental. Au Caire, certaines sessions d’enregistrement se font avec des instruments en voie de disparition, tels que le kawalaet – une flûte de canne – et l’arghoul, similaire à une clarinette à double corps.

Si l’application mise à la production du disque se joue dans les moindres détails, les textes de Al-Qasar ne souffrent pas d’une attention moins grande. Chantées en arabe classique, les paroles évoquent le pouvoir et l’oppression aussi bien que la liberté et les rêves. À l’époque du lancement du groupe, sur les collines de Los Angeles, Attar Bellier a notamment collaboré avec le poète jordanien Fareed Al-Madain, afin de composer les premières maquettes du projet. Aux vers se sont progressivement ajoutés les guitares, les pédales fuzz et l’oud, jusqu’à ce que le groupe atteigne le sol français en 2018, lors des Trans Musicales de Rennes.


Par Lolita Mang


Retrouvez Miraj de Al-Qasar sur Spotify


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