En 2019, Tundé nous avait déjà séduit avec un premier projet plus que prometteur, La Loge - projet d'ailleurs particulièrement marqué par des influences plus rock que rap. Un an plus tard, le voici de retour avec REPLAY (ClearWaters Records), un huit titres qui s'inscrit dans la continuité de La Loge, mais qui se veut encore plus abouti. Entretien.
Alors, comment se passe le confinement de ton côté ?
Je dois t’avouer que je suis un peu habitué à faire l’ermite. Donc ça va, le confinement se passe tranquillement !
J’ai cru comprendre que la musique et toi, c’est une histoire qui a commencé il y a longtemps. Tu es multi-instrumentiste, chanteur et producteur. Comment as-tu accumulé toutes ces casquettes ?
Quand j’étais plus petit, mes parents m’ont inscrit au conservatoire. Je n’aimais pas trop ça car c’était un peu similaire à l’école, mais j’ai choisi le piano, puis j’ai changé pour la guitare. J’ai fait un peu de violon. J’ai arrêté, mais j’aimais toujours jouer des instruments. Au collège, j’ai rencontré un pote qui jouait de la guitare et j’ai commencé la basse. Et vers dix-neuf / vingt ans, j’ai découvert les logiciels pour composer. À la base, je ne faisais que des instrumentales à la Superpoze. Puis, j’ai acheté un micro, j’ai commencé à chanter et à écrire des textes.
En 2019, tu présentes La Loge, un premier projet qui se trouve être à la frontière entre divers genres (entre rap, hip-hop lo-fi et rock) et différentes ambiances, aussi bien tristes et calmes que rythmées. Tu as récemment dévoilé REPLAY, un second projet composé de huit titres dont les singles “À la prochaine” et “Recommence”. Qu’est-ce qui t’influence particulièrement ?
C’est tout ce que j’écoute depuis que je suis né, ou depuis mes six / sept ans, l’âge des premiers souvenirs musicaux. J’ai toujours su capter l’énergie de la musique, j’ai toujours tout écouté. Il y a quelques genres comme la techno ou le métal que je n’aime pas. Ce sont des genres que je ne sais pas encore comment écouter. Mais, tout le reste me procure des émotions stylées. Je ne fais pas vraiment de différence. En ce moment, j’écoute une musique de film, Casper de James Horner, puis j’enchaîne avec un gros rap de Leto. J’écoute vraiment plein de trucs, et quand je fais de la musique, ça sort tout seul. Mais, comme je compose uniquement avec ma guitare, ça ressort plus rock. Dans “Jolie jolie” (REPLAY), il y a un drum electro-house. Comme j’écoute pleins de trucs, je me dis qu’ici, je voudrais ça, donc je le mets.

Et depuis La Loge, qu’est-ce qui a changé ? Comment as-tu évolué musicalement parlant ?
Je dois t’avouer que je préfère largement ce projet. Dans le dernier, il y a quelques sons que j’aime bien dont “Rouge” et “Quincy Jones”, mais c’était vraiment le test. Là avec REPLAY, j’ai appris et j’ai plus de facilité à faire des morceaux. J’ai structuré les morceaux avec intro, refrain, couplet… Il y a plus de refrains car j’ai appris à faire des chansons, entre guillemets. Pour le premier, la structure était un peu plus approximative. Le meilleur truc à faire dans la vie, c’est des chansons qui restent. Qui restent agréables à écouter, même après quinze / vingt ans.
Ta musique a mûri avec toi finalement… D'ailleurs, tu évoques beaucoup tes doutes et tes peurs, notamment de l'échec. Qu’est-ce que le fait de recommencer représente pour toi ?
Ca signifie que tu ne peux pas répéter les mêmes erreurs, donc tu rejoues la partie, mais avec plus d’assurance, plus de confiance... Là, on va dire que j’ai un peu échoué dans la vie en général, que ce soit dans les études ou dans les relations… Là, je rejoue la partie, avec tout ce que j’ai appris avant, pour faire en sorte de réussir. Je suis mieux armé. Dans “Recommence”, j’ai choisi de parler d’une histoire d’amour, mais ça peut s’appliquer à tout, pas qu’à une relation amoureuse. J’ai pris cet exemple parce que c’est venu comme ça. A la base, je voulais vraiment parler de recommencer dans la vie, tu vois. Le sujet principal, c’est de ne plus avoir peur. Il faut se tromper, il faut revenir sur ses erreurs et fournir plus d’efforts.
Côté visuel, tu collabores souvent avec Benjamin Diaz, à qui l’on doit la pochette de Replay et le clip de “Recommence” notamment. Explique-moi un peu comment est-ce que vous travaillez ensemble.
En fait, Benjamin Diaz, c’est un frère depuis longtemps. Comme il est dans la photo et la vidéo, il m’aide vachement à travailler mes idées. J’ai souvent des idées, donc je lui donne tout et il me dit ce qui est possible de faire ou non. Il me ramène à la raison et m’aide vachement à travailler mes idées. Il les améliore. Sur la cover de Replay, je suis allongé, j’ai échoué. Je vais faire “replay” en tirant sur la molette, on peut voir écrit replay en rouge d’ailleurs. Il y a un effet flou sur le côté pour montrer que je n’ai pas recommencé qu’une fois. On a utilisé tout ce qu’on avait : le boîtier, en fait, c’est un truc pour contrôler la lumière… C’est ma vie : la doudoune et les espadrilles, le casque et les enceintes… Et la plante, c’est juste parce que c’était joli (rires).
Comment imagines-tu la suite ?
Là, j’ai du temps pour faire de la musique donc je vais faire de nouveaux sons. Je devais faire des clips avant le confinement. J’espère faire des concerts à la rentrée... Je vois un peu la musique comme un chemin : tu prends un chemin à droite et tu te dis qu’il y a ça, donc tu commences à chanter, tu continues sur ce chemin et dans deux ans, tu fais carrément autre chose. Si ça se trouve dans deux ans, je ferai de l’électro. J’aime trop la musique pour ne faire qu’un seul truc…
Propos recueillis par Laura Gervois.