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Plan Clip #26 : Sally (ft. KANIS...), Clio (ft. Iggy Pop), Louisadonna, VIKKEN & Antonin Appaix

Parce que les clips sont parfois de véritables bijoux, dignes de chefs-d'œuvre cinématographiques ; qu’ils sont le reflet visuel de l’univers musical de l’artiste. Parce que l'œil de l'équipe réalisation d’un clip a également son importance ; parce que leur vision artistique et leurs rôles ne sont pas à négliger. Parce que mettre la musique en images donne parfois une seconde lecture à un morceau, on a souhaité analyser tout ça, pour vous : voici la rubrique Plan Clip.



Sally - "SHOOT (feat. KANIS, Chilla, Alicia., Joanna & Vicky R)"


Après un premier EP intitulé Pyaar en 2019, la très prometteuse Sally revient avec le single “SHOOT”. Un morceau très fort sur lequel on la découvre accompagnée de non pas une mais cinq talentueuses artistes de la nouvelle scène hip hop francophone. Aux côtés de KANIS, Chilla, Alicia., Joanna et Vicky R, la voici qui s’impose dans un milieu encore majoritairement masculin, avec un clip empowering réalisé par Léonie Violain, produit par Carla Bertrand et Emme Arwidson.


“SHOOT” était la chanson qu’on avait besoin d’entendre, et encore plus de voir. Sur cette production aux sonorités afro-caribéennes, derrière laquelle on retrouve Banga et Sutus, les six artistes féminines se réapproprient les codes du rap et créent un style à leur image. Ensemble, elles s’affirment, apparaissant encore plus badass et déterminées. Un pose cut saisissant, d’autant plus que dans l’industrie musicale, il est bien rare de voir plusieurs femmes artistes s’associer.


Le clip s’ouvre sur les feux d’une voiture et nous plonge très vite dans la pénombre d’un crépuscule. Sally apparaît alors, mystérieuse et sûre d’elle, le visage à moitié caché. La caméra alterne entre des éoliennes en arrière-plan et chacune des six rappeuses, qui affichent d’emblée une voix et une personnalité singulières. On les voit évoluer dans la nuit, tour à tour, seule ou en bande, à l’arrière ou sur le capot de la voiture. Éclairées par des spots qui les mettent en lumière (cheffe électricienne : Chloé Balloir), toute la mise en scène positionne ces artistes comme intouchables, trop occupées à créer la réussite qu’elles méritent.


Avec “SHOOT”, les six artistes signent une forme d’égo-trip unique en son genre, et à laquelle on adhère. Le premier refrain, par exemple, débute au moment même où les images dévoilent Alicia. en contre-plongée, en train de faire le signe “shoot” avec ses doigts (0.51). La caméra adopte alors un angle qui lui donne de la hauteur et illustre sa puissance. Une idée renforcée par la caméra qui tourne autour d’elles, donnant l’impression qu’elles nous entourent, qu’elles sont omniprésentes, ou encore qui filme Alicia. à travers la porte ouverte de la voiture en marche (2.01), donnant le sentiment qu’elle sait exactement ce qu’elle fait.


Entre la voiture, de l’argent (symbolique), des signes de flingues, de la fumée et des bandanas - notons le travail des stylistes Alexandra Ryzow et Valentine Jaquier -, on pourrait penser que Sally, KANIS, Chilla, Alicia., Joanna et Vicky R n’ont pas réussi à créer leur univers. Ce serait mal connaître ces artistes, aussi surprenantes que révolutionnaires, qui mettent des codes masculins au service de l’affirmation de soi, l’émancipation et la sororité. “Je n’ai pas peur de flancher, j’ai toutes mes meufs à mes côtés” assènent-elles sans jamais ni osciller, ni lâcher la caméra des yeux. Les voici qui s’éloignent, assises sur le toit de la voiture, dans un ultime geste badass. Enfin, nous avons trouvé notre hymne !


À noter que "l’ensemble des droits du morceau seront reversés à « En Avant Toutes », association qui agit pour rétablir une parité homme femme et mettre un terme à toutes les violences engendrées."


Par Agathe Pinet et Laura Gervois.




Louisadonna - "Pas moi"


Louisadonna est à l’image de sa génération, engagée et passionnée. Artiste le jour, psychologue la nuit, et activiste féministe de tous les instants. Le 16 avril dernier sortait le clip de son dernier morceau, « Pas moi », une critique de la société misogyne qu’elle s’efforce de transformer.


Le clip démarre sur un plan séquence centré sur sa bouche, en gros plan, qui n’attend pas une seconde pour dénoncer le regard phallo-centré de la société. La caméra recule, la chanteuse apparaît attachée à un arbre avec, devant elle, des animations de flammes. Cette mise en scène est doublée d’un collage contre les féminicides en arrière-plan. En moins de quarante secondes, Louisadonna réussit à faire le parallèle entre la chasse aux sorcières qui a sévi aux XVI et XVIIème siècles, et la lutte d’aujourd’hui contre les violences faites aux femmes.


Puis le collage se retrouve recouvert des mots « Pas moi » par deux hommes vêtus de rouge, comme une critique envers les hommes qui se disent toujours innocents face aux accusations qui leur sont adressées. Changement de plan et d’ambiance, la chanteuse fait du vélo d’appartement dans une pièce bleue, des ampoules clignotantes tombent du ciel et un tableau se trouve derrière elle, montrant la vue d’un étang. La chanteuse tient un livre de biologie pour dénoncer l’apparition bien trop tardive du clitoris dans les manuels scolaires.


L’humour ponctue le clip tout autant que les paroles. La mise en scène d’une courgette dans une corbeille de fruits éclairée projette une image explicite sur le mur. Le tout, juste avant que Louisadonna prononce l’ironique et sarcastique parole : « Ils viennent de découvrir l’endo [l’endométriose, ndlr], chapeau les gars ». Le deuxième refrain est une succession de scènes montrant Louisadonna en train de détruire des quilles de bowling et un ballon de baudruche sur lesquels sont inscrit « Pas moi », comme pour faire taire ces voix qu’on ne veut plus entendre.


Enfin, lorsqu’elle aborde la silenciation des femmes, des bouches apparaissent à travers un fond jaune déchiré. À la fin, Louisadonna le déchire et apparaît comme pour illustrer le début de la nouvelle ère qui se dessine, ère portée par les voix de femmes puissantes.


Par Agathe Pinet




VIKKEN - "Pour une amie"


Le clip de « Pour une amie » est le deuxième single de l’artiste VIKKEN, réalisé par le duo François Rousseau et André Atangana. Entre visibilité des personnes trans et questionnement des normes de genre, il est aussi nécessaire que politique. La force de ce clip est d’ouvrir la discussion sur l’identité à tout le monde, VIKKEN invite tout un chacun à y réfléchir et à se déconstruire.


Ainsi, le clip s’ouvre sur une succession de portraits intimes en plan serré sur des personnalités trans, mais pas uniquement. Leur point commun ? Déconstruire les normes de genre à travers leur travail et leur engagement. Nous y retrouvons Daria Marx, co-fondatrice de Gras Politique et autrice ; Anna Carraud, metteur en scène, interprète et costumière ; Jeanne Added, chanteuse ; November Ultra, chanteuse, auteure et productrice ; Claude-Emmanuel Gajan-Maull, une actrice, mannequin, et plasticienne intersectionnelle ; Jo, réalisateur ; Florent Matéo, chanteur, musicien, performer et compositeur ; Remicia Miantam, créatrice de contenus sur les plaisirs de la table et l’art ; et Rouge Mary, musicien.ne fluide.


Sans parole, cette introduction met en lumière ces personnes trop souvent invisibilisées, comme une invitation à les voir, enfin. Ces plans, en noir et blanc, sont ponctués de plans plus larges et en couleurs nous les montrant ensemble, dans des postures qui dégagent la bienveillance qu’ielles ont les un.es envers les autres.


Petit à petit, l’instrumentale s’intensifie, le rythme des paroles s’accélère pour créer un sentiment d’urgence. La voix du VIKKEN répète les mêmes mots avec clarté : « Êtes-vous Madame, ou êtes-vous Monsieur ? C’est une question très simple ». Déjà, on se questionne sur la prétendue évidence de cette question. Puis le coup de grâce : « Dites-moi simplement, qui êtes-vous ? », répété sur une instrumentale électronique pleine de textures, nous invite à remettre en question notre propre identité.


Par Agathe Pinet




Clio - "L'appartement (feat. Iggy Pop)"


Dans le cadre de son troisième album, L’Amour Hélas, Clio nous dévoile le clip du titre "L’appartement" avec Iggy Pop.


Un clip à l’image de la chanson, et de ses interprètes. Tout dans cette vidéo réalisée par Isabelle Maurel nous parle de dualité. Côté image, c’est le choix de la fausse simplicité du noir et blanc qui a été pris, un jeu d’ombre et de lumière où les deux chanteurs semblent se complaire hors du temps et de l’espace, dans leur propre monde. Si on s’imagine aisément, dans cet appartement décrit par Clio et Iggy Pop “un jour de pluie d’été”, c’est grâce non seulement à la réalisation, photographie et direction artistique de la vidéo, mais aussi et surtout à la performance musicales des deux interprètes.


C’est tout d’abord la voix à la profondeur enfantine de Clio, qui nous raconte avec poésie, la pluie chaude sur les fenêtres et toute la beauté qui en découle. Elle nous parle de cette beauté des choses simples, aussi simples qu’un après-midi passé à deux, dans le confort d’un appartement à regarder dehors. Une voix légère comme une goutte de pluie au service de la justesse des mots.


Ensuite vient Iggy Pop, qui transforme la rage et la puissance de sa voix punk, en charisme grave et suave donnant tout son sens de l’équilibre au morceau. Sans compter que le plaisir et la fierté sont toujours au rendez-vous lorsqu’on peut entendre l’Iguane chanter en français.


Après “Ai-je perdu le nord ?” et “Elle voudrait”, Clio continue de nous offrir des clips toujours plus agréables à regarder, et toujours cohérents avec son univers pop, simple et intemporel : on en veut toujours plus !


Par Nathanaël Miric




Antonin Appaix & Juan Wauters – "Rigatoni"


Fruit d’un mariage franco-uruguayen, voici « Rigatoni », le dernier titre d’Antonin Appaix et de Juan Wauters, signé par la maison Cracki Records. Connu pour son titre « Real » aux côtés de Mac DeMarco, Juan Wauters accompagne le chanteur français sur une ballade rêveuse aux douces allures de pop mélancolique. Tout cela sent bon le début de l’été et les belles choses qui s’en suivent !


Alors que le titre a été enregistré à Paris fin 2019 à l’occasion du passage de l’artiste uruguayen dans la capitale, le projet de clip n’est venu que plus tardivement. L’idée était de faire quelque chose d’un peu improvisé et DIY (Do It Yourself). Et oui, le temps d’un morceau, les deux artistes se sont plongés dans la composition d’un clip : armés de leurs téléphones, ils ont construit une vidéo dans laquelle se succèdent des plans d’eux-mêmes, chantant et dansant, des moments de vie et des fragments de paysages.


Entre mouvements de vagues et nuages dans le ciel, les deux chanteurs, cheveux au vent, nous emmènent quelques minutes à la plage. Avec des paroles touchantes par leur ingénuité, c’est aussi la première fois que Juan Wauters chante en français ! Un plein de douceur idéal pour débuter ce mois de mai !


« Cylindrique comme Rigatoni » / « Un sandwich debout sur le toit – je me rappelle de toi ! »


Clara Jouaux-Savinien



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