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Plan Clip #25 : Folamour, Para One, NTO ft. Paul Kalkbrenner & anaiis

Dernière mise à jour : 29 avr. 2021

Parce que les clips sont parfois de véritables bijoux, dignes de chefs-d'œuvre cinématographiques ; qu’ils sont le reflet visuel de l’univers musical de l’artiste. Parce que l'œil de l'équipe réalisation d’un clip a également son importance ; parce que leur vision artistique et leurs rôles ne sont pas à négliger. Parce que mettre la musique en images donne parfois une seconde lecture à un morceau, on a souhaité analyser tout ça, pour vous : voici la rubrique Plan Clip.


Folamour – "The Journey"


A l’instar de « Just Want Happiness », Folamour poursuit son chemin vers son futur album, cette fois-ci avec le clip solaire de « The Journey », réalisé par Théo Vincent. Dans celui-ci, un désert de sable et une danseuse sont les éléments principaux, sous fond d’une journée ensoleillée.


Avec l’ambition de se concentrer sur un moment de vie, la danseuse évolue tout autour du sable, comme pour symboliser le temps qui passe, un thème cher pour Folamour. Effectivement, lui qui a composé son futur album depuis deux ans, entre scènes et aéroports, il lui était essentiel de représenter ce temps qui fuit. Pas à pas, la subtilité des lignes dessinées par le corps de la danseuse et le mouvement du sable évoquent l’indomptabilité du temps mais aussi de l’humain.


Folamour met de côtés samples et machines électroniques pour explorer davantage la beauté de l’accoustique, des cordes et des voix. C’est d’ailleurs la voix de Zeke Manyika, qui chante en Shona, une des langues officielles du Zimbabwe, d’où il est originaire. Par sa vibe rythmée mais chill, ce morceau s’écoute à l’infini. De la même façon, le clip peut se lire à la façon d’un ruban de Möbius. Et oui, à la fin du clip, la danseuse disparait dans une coulée de sable, emportée par un tracteur, comme pour marquer une fin mais aussi un certain renouveau…


Clara Jouaux-Savinien




Para One – "Shin Sekai" & "Alpes"


D’ici quelques semaines, paraîtra le nouvel album de Para One, Machines Of Loving Grace. Cet album, qui sera un concentré de musique électro-acoustique, frôle le monde cinématographique grâce à son aspect orchestral. Le plus réjouissant est que cet album constitue la première étape d’un concept intitulé SPECTRE, regroupant un album, un long métrage ainsi qu’un live.


Pour nous faire patienter, Para One a récemment dévoilé deux clips extraits de ce beau projet, les titres « Shin Sekai », suivi d’ « Alpes », tous deux réalisés par William Laboury. Ceux-ci nous placent dans un univers proche de la science-fiction, où une jeune fille et un homme sont l’objet d’une expérimentation scientifique. Casque posé sur leurs oreilles et musique enclenchée, une machine est reliée à leur cerveau par des électrodes, tandis que des images défilent sur l’écran.


« Shin Sekai », c’est un titre très organique où résident de magnifiques chœurs, ponctués par un violon et de grands tambours japonais. La puissance musicale est totale, tant par la mélodie que par les percussions, qui font inéluctablement voyager.


A l’écran, des centaines de petits points aux multiples nuances de rose dessinent successivement les éléments du clip. Un troupeau d’animaux sauvages, un œil humain précédé par une tête de dragon, une silhouette qui court ou même un paysage citadin éclairé de feux d’artifices : tels sont les visuels expérimentaux que l’on découvre, à mesure que le morceau prend en intensité.


« Alpes » fait office de second chapitre pour cette expérimentation, cette fois opérée sur un homme d’une quarantaine d’années. Le pointillisme est maintenant bleu, un bleu que l’on retrouvait dans « Shin Sekai » pour contrebalancer le rose. Les contours de poissons, tortues et de vagues qui se succèdent, font peu à peu réagir le patient, sans pour autant le tirer de son sommeil. Ce second titre, moins organique que le premier mais légèrement plus mystique, nous plonge donc naturellement dans un univers plus marin, contrairement à ce que le titre pourrait évoquer.


Les deux titres sont respectivement accompagnés d’une série de remixes, exécutés par Ricardo Villalobos, Actress ou Para One lui-même. Ces morceaux annoncent un somptueux album, qui mêle machines et main humaine, acoustique et textures électroniques et que l’on attend impatiemment !


Clara Jouaux-Savinien



NTO – "Invisible" (Paul Kalkbrenner Remix)


Si NTO devait avoir un « Alter Ego » allemand, qui de mieux que l’iconique Paul Kalkbrenner ? Amateurs de deep house française et de la techno minimale berlinoise, vos souhaits sont exaucés avec le remix de Paul Kalkbrenner sur « Invisible », le nouveau morceau d’ NTO.


©Thibaud Robiolle


Dans la version originale d’ « Invisible », NTO avait évoqué la quête de soi et la rencontre, face à l’invisibilité des êtres. Toujours réalisé par Jean-Charles Charavin (INCENDIE), le clip de ce remix s’inscrit dans la même lignée que le morceau original. Deux individues, invisibles aux yeux des autres mais unies par la danse, évoluent au cœur d’Aubervilliers, animées par une force intérieure ultra expressive.


Avec des touches d’irréalisme alors que les corps se révèlent et disparaissent, ce clip est le second chapitre du message qu’ NTO a voulu transmettre. La beauté des rayons de soleil qui entrecoupent les corps des deux danseuses, souligne leur invincibilité. Bien qu’elles soient invisibles, on ne voit qu’elles !


Alors que certains plans du clip sont floués ou ralentis, le morceau gagne progressivement en puissance. Une puissance qui réside aussi dans le célèbre « gimmick » de Paul Kalkbrenner, c’est-à-dire sa signature musicale. La techno minimale du producteur berlinois, possède une ligne percussive qui lui est si particulière, que l’on retrouve notamment dans son dernier album Parts Of Life (2018).


Une collaboration qui fonctionne à merveille pour les deux producteurs, que l’on aperçoit d’ailleurs rapidement dans le clip, se prêtant à leur tour au jeu de l’invisibilité…


Clara Jouaux-Savinien





anaiis - "Juno"


Il y a quelques jours, l’artiste anaiis dévoilait le clip de son nouveau morceau "Juno", réalisé par le poète et réalisateur Julian Knxx. Ce projet s’inscrit dans une initiative plus large, soutenu par Dr. Martens qui s’articule autour de trois volets.


Tout d’abord la sortie de ce clip qui s'ouvre sur une citation d'Alice Walker, "The most common way people give up their power is by thinking they don't have any". Le décor est planté. D’abord en plan serré sur son visage, la caméra recule pour nous faire découvrir le décor dans lequel elle se trouve. Des murs rouges, une chaise rouge, et elle, assise au sol, vêtue d’un long manteau en cuir, d’une chemise blanche et d’une cravate noire. Ces codes considérés comme masculins, en opposition à son maquillage et à sa coiffure soignés, créent un clash qui fonctionne parfaitement. Une simplicité qui nous permet d’entendre avec clarté le message qu’elle fait passer à travers cette chanson : nous sommes maître.sse de nos choix, et donc, de nos vies. Juno est un hymne à l’empouvoirement, à la prise de contrôle de nos vies, et nous rappelle que nous ne sommes pas seul.e.s.


A travers cette chanson, anaiis s’empare d’un sujet personnel, celui d’être une femme noire dans une société pétrie d’inégalités. Pour aller plus loin et ouvrir la discussion sur ce sujet au-delà de la musique, elle a invité Sanah Ahsan et Stella Tiendrebeogo à penser un jeu de 30 cartes qui serait un guide personnel. Son objectif ? Mener le.a lecteur.rice à trouver l’apaisement. Ce deuxième volet met donc en lumière la santé mentale, un thème de plus en plus discuté dont on écarte trop souvent les personnes racisées.


Le troisième et dernier volet de l’initiative lancée par anaiis est un panel talk avec la photographe Charlotte Abramow, l'actrice Déborah Lukumuena et la réalisatrice Néhémie Lemal. Les thèmes abordés sont l’art, le féminisme, la sororité et la santé mentale, à nouveau. Finalement, anaiis réussit, grâce à son expérience personnelle, sa musique et son engagement, à mettre sur le devant de la scène des sujets primordiaux, qui touchent les minorités. Ne dit-on pas que l’intime est politique ?


Agathe Pinet




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