Parce que les clips sont parfois de véritables bijoux, dignes de chefs-d'œuvre cinématographiques ; qu’ils sont le reflet visuel de l’univers musical de l’artiste. Parce que l'œil de l'équipe réalisation d’un clip a également son importance ; parce que leur vision artistique et leurs rôles ne sont pas à négliger. Parce que mettre la musique en images donne parfois une seconde lecture à un morceau, on a souhaité analyser tout ça, pour vous : voici la rubrique Plan Clip.
Sean , "Le bon la brute et le truand"
On le connaissait les cheveux colorés d’un rouge rosé provocant, on le retrouve dans un nouveau clip arborant une crinière vert fluo. Sean nous interroge "T’es le bon, la brute ou le truand ?", et c’est d’ailleurs le titre du clip, réalisé par Lokmane (réalisateur entre autres des clips de Luidji, Enchantée Julia…). Baignée dans une ambiance sombre aux néons mafieux, une bande de jeunes voyous (on y aperçoit la rappeuse Cannelle dont on vous a parlé dans le dernier Plan Clip) s’enfument, maniant des pistolets comme des jouets qu’on ne saurait pas utiliser. Dans la pièce connexe, Sean trône au fond d’un fauteuil face à un ange (ou une fée) déchu, dont on aurait coupé les ailes.

Encore une fois, Sean cultive un univers de mystère, maintenant une certaine fascination dans sa communauté. Son rap cloud, planant et aérien est enveloppé par une esthétique visuelle irréprochable, qu’on aime à retrouver à chacune des sorties de ses clips. L'artiste jongle avec les personnages aussi bien qu'avec les couleurs de cheveux, empruntant tour à tour à la brute, au bon et parfois à celui qu'on préfère : au truand.
Par Apolline Pournin
November Ultra, "Soft & Tender"
Attention, talent brut ! Le premier clip de November Ultra a été dévoilé cette semaine. Comme une entrée chaleureuse dans l’hiver, et les jours qui se font plus courts. November Ultra, vient nous caresser en douceur et bercer notre confinement. Dans ce morceau "Soft & Tender”, doux et tendre, November Ultra, conte une déclaration d’amour des plus saines, dans l’acceptation de soi et de l’autre et dans l’épanouissement que procure une relation à deux.
Le clip est un ensemble de compositions de divers éléments, en couleurs pastels et parfois la tête dans les nuages : pierres précieuses, pions d’échec, cartes de tarot, un livre d’Alessandro Barrico, des éventails ou même de beaux ornements quand la chanteuse passe à l’espagnol, dans une ambiance presque religieuse.
Le tout, entourée de tulles, confectionnés par @venus_bigo, qui enferme littéralement November Ultra dans un cocon chaleureux, qu’elle nous offre figurativement dans cette chanson. On accorde une mention toute spéciale aux badges "Harry Styles" et "I shaved my legs for this ?" et on continuera à suivre l'ascension de cette magnifique artiste.
Par Prisci Adam
MAGENTA , "Boum Bap"
“J’ai jamais su jacter que sur les boum-bap” : ainsi s’introduit le morceau, et le moins que l’on puisse dire c’est que le collectif “jacte” toujours aussi bien. Une instrumentale électro-pop, des lyrics intenses sur les maux du quotidien, un clip réaliste et entraînant : voici la nouvelle recette made by MAGENTA, qui (ne nous le cachons pas) nous rappelle encore parfois fortement FAUVE. “Boum Bap” met en scène un cadre trentenaire au quotidien morose, fade, sans couleur. À l'instar des précédents titres, on a le sentiment que le collectif, par sa musique, procure une respiration, un temps pour souffler aux personnages maussades mis en avant dans ses clips.
Lors du dernier confinement, MAGENTA proposait des apéros Zoom, recevant des guests comme Georgio, tout en allant à la rencontre de son public. On espère qu'ils proposeront à nouveau cette formule pour accompagner notre reconfinement. Un album est annoncé pour début 2021 et sera le premier depuis la fin de FAUVE et la naissance de MAGENTA, enfin !
Par Apolline Pournin
Leone, "Los Angeles"
Deux semaines avant de dévoiler son second projet, un EP intitulé Vibes (RILESUNDAYZ), Leone nous embarquait avec lui, destination “Los Angeles”. Depuis 2019, les choses ne semblent pas ralentir pour le jeune rappeur originaire de Maromme, située en banlieue de Rouen. Et c’est tant mieux. Rappelez-vous, en avril de cette année-là, le protégé de Rilès rencontrait un buzz grâce à son titre “Plein les poches”. C’est celui-là même qui a inspiré Booba et Niska pour “Médicament”. Après son premier EP Pourquoi Nous, sorti début 2020, le voici qui vient “allumer” la scène rap émergente avec un projet prometteur, notamment illustré par le clip de “Los Angeles”.
“Boom boom boom boom…” rape Leone entre deux couplets. Pourtant, l’effet produit par le titre “Los Angeles” et son clip est loin d’être violent. Au contraire, en quelques secondes, nous voilà enveloppé.e.s dans une atmosphère planante. Avec ce nuages de fumée et des néons violets et jaunes, l’effet s’intensifie de plus belle. Alors que Leone pose son flow, entouré de quelques amis et d’une Mercedes-Benz (modèle W116 ?), nous ne le perdons pas de vue et nous l’observons prendre tranquillement possession d’un hangar, vaste mais loin d’être froid.
Capturés par Temim Hammadi, les plans s’enchaînent rapidement et dévoilent, sous différents angles, un univers visiblement rétro. Qu’il s’agisse des quelques extraits à l’effet VHS ou du stylisme pointu qu’a signé Kiss My Sneaks, tout semble à sa place. Leone et son équipe nous laissent donc repartir convaincu.e.s.
Le second EP de Leone, Vibes, est à écouter ici. Découvrez également son dernier clip, "Minuit".
Par Laura Gervois
Bambino, "Kékra"
Il y a quelques mois, Bambino dévoilait un premier son,“Esperanza”. Tout de suite, le ton était donné. Celui que l’on retrouve derrière les toplines et mélodies d’artistes comme, entre autres stars de la variété française, Amir et Kendji Girac, se lance à présent en solo. En effet, le jeune chanteur s'apprête à dévoiler son premier EP intitulé Enfant Difficile. En attendant, il nous livre un premier extrait des plus énergiques et colorés. Découvrez le banger coloré “Kekra”.
Avec le titre “Kekra”, Bambino semble avoir trouvé la solution qui fonctionne à merveille : le beat est entêtant, le refrain qui reste en tête. On était déjà fans, et puis, on s’est retrouvé devant le très cinématographique clip du même nom. Tantôt seul, tantôt entouré de sa bande de potes, en club ou autour d’une chicha, Bambino nous dévoile une seconde fois un univers des plus extravagants.
À la caméra, Romain Habousha - que l’on retrouve également derrière les clips respectifs de Primero, L’Or du Commun ou encore Blu Samu -, a su capturer l’énergie débordante de “l’enfant perdu dans le bendo”. Qu’il s’agisse des plans, de la palette de couleurs utilisée ou des différents jeux de lumière, nous sommes sans voix. Car le tout s’enchaîne avec une telle fluidité. Le décor, aux murs délabrés, contraste avec les tenues pop flashy de l'artiste et des figurant.e.s. Entre un effet “rewind” et une séance démolition au club de golf, une chose est sûre : “Kekra” ne manque pas de personnalité.
Son premier EP, “Enfant Difficile”, sera disponible dès le 20 novembre prochain (Local Records).
Par Laura Gervois
KLON , "West"
Il y a fort longtemps, dans un autre monde, nous devions voir les sept membres du groupe Klon sur la scène du Hasard Ludique. C’était au mois de mars, à deux jours à peine de l’annonce du premier confinement. Depuis, le collectif a parcouru un petit bout de chemin, que l’on observe de loin, respectant tous les gestes barrières. D’abord un premier clip, celui de “Noise”, fait avec les moyens du bord. Et puis le second, sorti il y a deux semaines : “West”.
Tourné entre les murs du manoir que partage le collectif, le clip de “West” est une embarquée psychédélique, un joli pied de nez au nouveau confinement. En effet, tandis qu’ils sont enfermés chez eux, les membres du groupe en profitent pour s’échapper vers d’autres mondes. Filmé par Valentin Pitarch, le clip n’est pas avare en références, tout en construisant son propre univers. Difficile de ne pas penser à David Lynch face aux aventures éveillées des musiciens et à la photographie sombre de Jules Le Masson Fletcher.
Des costumes aux danses au ralenti dans le noir, en passant par les lettres inscrites dans l’eau trouble, tout l’univers de “West” semble flirter avec une patte un peu emo, voire presque gothique. Une recette qui, visiblement, marche très bien – le clip a dépassé les 50 000 vues en à peine quelques jours. De quoi présager de belles choses pour la suite – comme le premier disque du groupe, qui devrait sortir au début de l’année prochaine…
Par Lolita Mang
KAS:ST, "VTOPIA"
Dans l’attente de A Magic World, nouvel album prévu pour le 11 décembre prochain, le duo techno KAS:ST nous a offert un petit teaser audiovisuel avec « VTOPIA ». Co-réalisé avec Les Fistons, les deux français proposent une seconde partie de leur titre « Hell on Earth », et comme toujours, c’est fort et sublime !
Brutales et réalistes, les images illustrent avec profondeur la musique breakée et aérienne de KAS:ST. Tourné entre Paris, Montreuil et Barcelone, le clip dépeint la face cachée du clubbing, souvent taboue, mais pourtant la réalité de nombreuses personnes. Mettant en scène un dealer qui croise le chemin de sa future cliente, le clip fait défiler une soirée sous ces deux perspectives, jusqu’au point de rupture. Là, tout dérape ; lui prend la fuite tandis qu’elle perd connaissance, par sa faute. In fine, leur rencontre n’était pas un hasard ! Entre drogues, danse, argent et conflits, il y a toutefois une once d’espoir, la poursuite d’un rêve sur le fond d’une techno intense et ultra mélodieuse.
“In memory of the world we lost. What we had. What we hope. What we’re eager to dream.” - voici le premier plan du clip. A travers ces mots, KAS:ST rend tout d’abord hommage à la scène électronique qui s’est éteinte il y a quelques mois. Au-delà d’une critique, c’est aussi un violent constat d’une réalité, faisant écho à la fermeture administrative imputée à Dehors Brut survenue il y a plus d’un an. Mais ne se limitant pas qu’à ça, le clubbing est avant tout une effervescence culturelle et humaine, une source d’espoir et d’évasion ! A l’image des deux personnages qui s’accrochent à leur rêve pour échapper à la réalité, ce clip regorge d’espoir d’une vie meilleure, où tout est peut-être encore possible !
Par Clara Jouaux-Savinien