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Plan Clip #2 : Sally, Neo Ninj & Tomasi

Dernière mise à jour : 12 mai 2022

Parce que les clips sont parfois de véritables bijoux, dignes de chefs-d'œuvre cinématographiques ; qu’ils sont le reflet visuel de l’univers musical de l’artiste. Parce que l'œil de l'équipe réalisation d’un clip a également son importance ; parce que leur vision artistique et leur rôle ne sont pas à négliger. Parce que mettre la musique en images donne parfois une seconde lecture à un morceau, on a souhaité analyser tout ça, pour vous : voici la rubrique Plan Clip.


Sally, “Corps à Corps


Artiste au talent prometteur, c'est ce vendredi 22 novembre que Sally dévoile son premier EP “PYAAR” (Paramour). Pour nous, cela représentait l’occasion de revenir sur son premier clip, “Corps à Corps" dans lequel les images, magnifiquement sensuelles et empowering, nous ont particulièrement éblouies.

Pour ce clip, réalisé par Diane Guais, tout a visiblement été pensé avec minutie. Des décors à l’ambiance rétro-sexy (Caroline Curdy et Pierre-Alexis Hermet), en passant par la typographie conçue par Charles Prieur. En effet, les lettres rouges courbées sur ce fond bleu lui donnent presque une allure cinématographique (0.01) et annoncent d’entrée la couleur.


Corps à Corps” est visiblement une oeuvre qui attise le désir, et ce du début à la fin. En effet, l’œil du spectateur (ou de la spectatrice) est directement attiré vers Sally, grâce à une succession de gros plans (0.06 / 0.10 / 0.59) et de zooms (1.12). Pourtant, celle-ci ne se positionne pas vraiment comme simple sujet. Elle s’impose plutôt comme celle qui maîtrise la situation. D’ailleurs, elle ne quittera que très peu la caméra du regard. Si, dans la chanson comme dans le clip, il est question de désir, celui-ci se veut pleinement assumé, libéré. Car, on parle bien de ce désir-là : celui qui donne confiance, qui fait du bien.


© Capture d'écran YouTube, _Corps à Corps_ de Sally, par Diane Guais. Sous licence SMC, au nom de Paramour
© Capture d'écran YouTube, Corps à Corps de Sally, par Diane Guais. Sous licence SMC, au nom de Paramour.

Si la recette marche autant (en tout cas, pour nous), c’est parce que ni le stylisme (Pierre-Alexis Hermet) ni le maquillage (Vanessa Bellini et Joséphine Richard) n’ont été négligés. Ces éléments s’ajoutent aux couleurs vives (bleu, rouge, violet), qui changent à chaque plan et qui contrastent les unes avec les autres. On mesure donc bien l’importance des draps de satin bleu, des ongles rouges, des chevalières à chacun des doigts de Sally et du maquillage pailleté, notamment.


Mais, surtout, la sensualité de “Corps à Corps” résulte de tout un tas de symboles. On prêtera particulièrement attention aux fleurs, qui surgissent de temps en temps, quand l’écran se scinde en deux (0.37 ; 1.45 ; etc), et à l’eau, qui apparaît à plusieurs reprises, et sous différentes formes d’ailleurs. Celle que l’on retiendra le mieux : la figure de la sirène, qui se manifeste pile au moment où la caméra capture les images d’en haut. Des symboles d’autant plus forts, si l'on s'intéresse aux procédés techniques auxquels ils ont été associés.


© Capture d'écran YouTube, Corps à Corps de Sally, par Diane Guais. Sous licence SMC, au nom de Paramour
© Capture d'écran YouTube, Corps à Corps de Sally, par Diane Guais. Sous licence SMC, au nom de Paramour

Ainsi, alors que la voix de Sally susurre à nos oreilles “À deux / On baise / La tension est chaude comme la braise”, nous, on reste hypnotisées par ces images, sublimes et intensément puissantes.

NEO NINJ, "IRL"


Dans un tout autre registre, mais aussi très bien exécuté, on souhaitait vous présenter “IRL”, le clip de NEO NINJ. Vous avez peut-être déjà croisé la chanteuse et beatmaker sur scène, à la Xmas Party by Tourtoisie en décembre 2018. Sorti le 10 novembre dernier, la vidéo nous plonge dans un univers futuriste, dans lequel réseaux sociaux et appareils électroniques ont pris le dessus sur la vie, la vraie.


Réalisé par Loup Paget et l’artiste elle-même, ce clip pose la problématique de la prédominance du numérique dans nos cultures. Chaque détail d’”IRL” se veut participer à cette critique, en plus de mettre son style Pop / R'n'B alternatif en images. NEO NINJ, vêtue d'une combinaison, se retrouve ici coincée dans un fond bleu nacré, un peu flou, évocateur d’un univers de science-fiction dans lequel applications et filtres Instagram l’auraient envahie, voire emprisonnée. “Social Network toute la journée / Les réseaux m'ont peut-être enchaîné” déclare en effet cette dernière.



Ainsi, l'artiste s'est laissée happer dans les fous méandres des réseaux sociaux. "J'sors plus trop, j'ai plus trop envie / Sur le net, j'ai bien plus d'amis " entonne-t-elle. Avoir des milliers d'amis virtuels semble effectivement bien plus alléchant. À l’écran, le compteur de likes s’affole, comme pour venir soutenir son propos. Elle n'est d'ailleurs pas seule face à ce fléau : telle une armée de zombies des temps modernes, quelques figurants semblent avoir été lobotomisés par leurs smartphones (1.25 / 2.38).


Glitch art (signé Kaspar Ravel) ; fireworks ; calques Photoshop … Qu'aurait été le clip sans de bons effets spéciaux ? Ceux-ci n’ont visiblement pas été choisi au hasard et le résultat s’en ressent fortement. Un fond vert, quelques tours de magie sur Photoshop (Olivier Le Solleu), et en quelques clics, NEO NINJ se dédouble, augmente la taille de son fessier, ou se retrouve téléportée sur le toit d’un gratte-ciel.


© Capture d'écran YouTube, IRL par NEO NINJ et Loup Paget
© Capture d'écran YouTube, IRL par NEO NINJ et Loup Paget

Derrière ces belles images et beaucoup de dérision, un but : dénoncer l’hypocrisie d’un monde ultra connecté et superficiel. Le clip de NEO NINJ se veut révéler une certaine vérité de manière franche et pragmatique. Et, pour nous, c'est réussi.



Tomasi, "Round 2"

Tomasi, rappeur parisien également présent l’année dernière à la Xmas Party by Tourtoisie, continue de défendre son EP “Somnambule”. Après avoir dévoilé les clips de “Du sperme sur le peignoir” et “Menteur Menteur”, celui-ci poursuit sur sa lancée. C’est par le biais de “Round 2”, sorti le 15 novembre dernier, que l’artiste au peignoir rouge nous invite, une nouvelle fois, à entrer dans son univers. Ou dans sa chambre, littéralement.


Derrière la caméra, on retrouve, accompagné de Basile Crépin Leblond (Chef Opérateur) et de Loïc Jean-Bart (Chef Électricien), Nicolas Garrier. Celui-ci avait déjà marqué nos esprits, avec, entre autres, un magnifique plan-séquence entièrement tourné à la pellicule pour “Menteur Menteur”. Ici, pas de plan séquence, mais deux images qui se superposent. Ces deux images, ce sont deux histoires différentes, qui évoluent indépendamment l’une de l’autre : celle de Tomasi (au centre), puis, celle de ce monde fou et écrasant qui tourne autour de lui. Alors, caméra fixe face à lui, une fenêtre dans le dos, le rappeur semble en pleine introspection, invitant spectateurs et spectatrices dans sa solitude.

© Capture d'écran YouTube, Round 2 de TOMASI, réalisé par Nicolas Garrier
© Capture d'écran YouTube, Round 2 de TOMASI, réalisé par Nicolas Garrier

"Round 2 ", c'est donc cette volonté de filmer ce qui nous échappe : la ville ; le métro ; la foule ; le monde qui court sans nous. Cette oppression est d'ailleurs parfaitement retranscrite à l’écran. Car, alors que la chambre de Tomasi se réduit, passant petit à petit d'un plan rapproché à un plan américain, l’image à l’arrière s'accélère, se floute parfois (2.00). La caméra prend de la hauteur, jusqu'à nous étourdir.


Grâce à un système de projection en direct (et non un montage en post-production), les deux images finissent par se superposer, donnant l’effet d’une surimpression. L’artiste se trouve ainsi enfermé, seul face à lui-même. Un sentiment exacerbé par le rideau qui se baisse, l'ombre dans son dos et le jeu de lumières. Le combo fonctionne.


Pour découvrir l'univers de Tomasi sur scène, retrouvez-le le 28 novembre au Pop-Up du Label, pour la troisième édition de la soirée Kimono, un événement qu’il organise.

BONUS : S+C+A+R+R, “You’re The One” (J’ai perdu mon corps)


Cette semaine, ne loupez pas le clip de "You're The One", extrait de la bande originale de J'ai perdu mon corps. La voix de S+C+A+R+R nous emporte et vient parfaitement accompagner ces images, montées par Jack Antoine Charlot. On recommande également le film animé !


Par Laura Gervois.

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