Parce que les clips sont parfois de véritables bijoux, dignes de chefs-d'œuvre cinématographiques ; qu’ils sont le reflet visuel de l’univers musical de l’artiste. Parce que l'œil de l'équipe réalisation d’un clip a également son importance ; parce que leur vision artistique et leurs rôles ne sont pas à négliger. Parce que mettre la musique en images donne parfois une seconde lecture à un morceau, on a souhaité analyser tout ça, pour vous : voici la rubrique Plan Clip.
Jäde , "Groupie love"
Près de deux mois après la sortie du clip de son titre "Diddy", la future reine du R'n'B nous régale une fois de plus avec le clip de "Groupie love", son nouveau single, en featuring avec Bakari. Coup de cœur.

“L'amour c'est cool, le sexe aussi, les deux c'est mieux”
Entre archives et transitions informatiques, le duo nous invite dans leur romance digitale, avec en prime un karaoké qui fera chanter les codeurs les plus romantiques. L'esthétique précise et assumée du réalisateur nous ferait penser à une certaine forme de Vaporwave version 2020. La capture vidéo de l'ordinateur de la chanteuse parisienne nous plonge dans une idylle remplie de jalousie et de possessivité, un thème récurrent dans son écriture.
Les jeux de séduction et la drague virtuelle prennent tout leur sens au moment du couplet de Bakari, imagé à l'aide d'un appel Skype. Climax du visuel à 02'28 min, le dernier refrain de Jäde est imagé par une représentation Sci-Fi des deux artistes prenant la forme de corps virtuels en 3D. Le clip prend fin avec un vocal de l'artiste belge, qui explique froidement à son crush qu'aucune groupie ne pourra l'empêcher de vivre de sa musique. Il faudra être attentif tout au long du clip, vous pourriez peut-être y trouver de précieux fichiers...
Par Nicolas Gouley
Cannelle, "Pour elle"
“Appelle-moi Cannelle” scandait-elle déjà dans un premier titre à l’autotune ensorcelant, “Flammes” sorti au début de ce mois d’octobre. La jeune rappeuse de 22 ans vient de dévoiler un nouveau titre clippé “Pour elle”, où la séduction y est rappée, où les corps s’y mélangent sur des rythmes chaloupés.
Le scénario du clip est pourtant assez simpliste : un bar, une piste de danse, des jeux de regard, la tension monte… Sans s’en rendre compte, le charme opère déjà sur nous ! Le clip est réalisé par Lucie Morey, qui a notamment travaillé avec Lomepal, Kekra ou encore Médine en tant que set designeuse (Backpackerz vous expliquera mieux que nous en quoi cela consiste). Dès les premières notes, quelque part entre Lala&Ce et Meryl, Cannelle nous convainc sans mal, en assumant des sonorités plus pop et dansantes.

La légende dit que l’on doit marteler rudement l’écorce de la cannelle afin de pouvoir en tirer toute sa saveur : on ne demande qu’à écouter ce titre en boucle et profiter pleinement de son parfum ! Cannelle a sorti son premier EP ce 28 octobre... Artiste à suivre de près !
Par Apolline Pournin
BEACH SCVM, "Pool Friends"
La grisaille de l’automne ? Connais pas. L’actualité anxiogène ? Pas entendu parlé. Les concerts annulés jusqu’à une date inconnue ? Boarf. Voilà sûrement l’état d’esprit de Matteo, Maël et Lucas, membre du groupe toulousain BEACH SCVM lors de la sortie de leur dernier clip "Pool Friends". Et oui, il s’agit littéralement d’une pool party entre potes en plein mois d’octobre.

Le mauvais temps et l’hiver approchant vous rendent patraques ? BEACH SCVM a la réponse à tous vos maux : du soleil, des chemises hawaïennes et des gobelets à la contenance inconnue. Secouez bien forts, saupoudrez de « woohoos » entêtants et vous obtiendrez un hymne à l’été capable de vous faire oublier tous vos problèmes. Si ce clip fait autant de bien, c’est parce qu’il va à l’essentiel. 3 accords à la guitare et une voix rauque qui chante la gloire au soleil pour la musique, des bouées gonflables et des lunettes de soleil pour l’image, il n’y a pas besoin de plus pour habiller la pop rock estivale du groupe.
Extrait de leur futur EP Sand Club, prévu pour février 2021, ce nouveau clip est une bouffée d’air frais face à la promesse lointaine du prochain été. Les « ordures de la plage » (ou l’écume de la plage, selon l’humeur du traducteur) refusent d’attendre. Tant qu’on a des potes, du bon son et juste ce qu’il faut d’optimisme, l’été, c’est toute l’année.
Par Simon Aunai
M/A, "Dance For Me"
Des synthés, des drums, de la basse mais surtout du chant, voici M/A ! Ils sont 3 et fabriquent depuis quelques années une musique electro-pop influencée par les 80’s, période pendant laquelle la pop-rock se confrontait à la house music. Début novembre sortait leur premier album, Forty After Eighties, un prolongement enrichi de leur premier EP paru en 2018, Fight. Déjà écouté à travers le monde, il se veut positif, frais et vivant, à l’image de la vague électro actuelle !
Au cœur de l’album figure la track "Dance For Me", vibrante à souhait ! L’été dernier, le trio avait révélé un clip réalisé par Matthieu Guéritte, issu d’une collaboration inédite. Pour celui-ci, M/A avait sollicité 12 artistes visuels / designers afin que chacun exprime sa perception de la danse. En leur laissant une liberté absolue tant pour le style que l’esthétique, le résultat obtenu est un clip dynamique mais surtout hyper coloré et entraînant.

Dès l’introduction du morceau, l’ambiance est électrisante et pleinement mystérieuse. Alors que les différents visuels commencent à se succéder, les drums prennent le relais avant de déboucher sur une basse couplée aux synthés et au chant. Ainsi, au fil du clip apparaissent cosmonautes, silhouettes féminines, personnages semblant s’être échappés d’un dessin animé, émojis, animaux illustrés et même une banane faisant du hoola-hoop !
Tous sont liés par le même but, danser ! Même la typographie est soignée et rythmée ; en effet, les paroles dansantes figurent dans le clip, sur des fonds alternativement colorés. C’est donc un clip polychrome, flashy et pigmenté doté d’un charme assurément rétro ! « Dance for me, until the night expires » c’est tout ce dont on a besoin !
Par Clara Jouaux-Savinien
spill tab, "Santé"
Télé grésillante et ciel grisonnant : le duo basé à New-York spill tab délaisse le temps d'un titre la bedroom pop de ses premiers singles pour enfiler un R'n'B sombre, débordant d'effets de voix saturés qui rompent avec la douce voix de Claire Chicha, chanteuse franco-coréenne. Chaque respiration, chaque sifflement ou claquement de langue est finement retranscrit, à mi-chemin entre l'ASMR énigmatique de Billie Eilish et les vocalises de Lolo Zouai. Des sonorités puisant dans la créativité débordante de l'indie pop américaine, tout en y apposant le charme frenchy de la langue de Molière.

Le clip, réalisé par Axel Kabunji, épouse avec classe la langueur de la chanson : mi-dansante mi-flippante, à l'image de sa rythmique groovy mais désarticulée. Des ballons de baudruche s'accordent avec le manteau et la chevelure noir corbeau de la jeune femme, des lumières pâles tamisent des pièces à la décoration terne, presque inquiétante. Joyeux Halloween.
Par Elie Chanteclair
Alban Claudin, "Dandelion"
Que ce soit aux côtés de Clara Luciani (à la direction musicale et aux claviers), ou encore en compagnie de La Féline, Voyou ou Yelle, vous l’avez surement croisé sous l’habit du fidèle collaborateur de l’ombre… Alban Claudin revient aujourd’hui avec le mélancolique titre instrumental “Dandelion”, annonçant son tout premier album solo. À seulement 28 ans, le jeune pianiste ne cesse d’ajouter des touches à son clavier, puisqu’il a également signé des musiques de documentaires et courts-métrages pour des marques de luxe (Chanel, Louis Vuitton…).

Une gifle intempestive, un baiser déposé délicatement, des shots avalés hâtivement… Le clip de "Dandelion", réalisé par Maxime Charden, nous plonge avec douceur dans l’univers d’Alban, aussi enfantin qu’élégant. Tournée en huit clos, la vidéo nous place au coeur d'une soirée dansante, scène qui, en temps normal, n'aurait pas été en harmonie avec la tonalité mélancolique presque triste du morceau... Pourtant aujourd'hui, elle se fait l'écho de nos souvenirs de rassemblements amicaux et festifs pour le moment enterrés.
Profitons donc de ce confinement pour nous laisser bien volontiers bercés par ce joli morceau de piano en attendant le premier album d'Alban Claudin, “It’s a Long Way to Happiness” qui sortira le 26 février 2021.
Par Apolline Pournin
Felixita, “Belle”
Deux singles envoûtants et leurs magnifiques clips : nous n’en demandions pas tant pour tomber sous le charme de Felixita, jeune artiste venue tout droit du bassin Méditerranéen. À peine le temps de nous remettre de sa voix ensoleillée et sensuelle dans “Nunuages”, premier single dévoilé au début de l’été, ni des images éclatantes et colorées qui l’accompagnaient, voici que la chanteuse niçoise est de retour avec le titre “Belle” et son clip.
Capturées par Florent Borgna, les images de “Belle” sont, contrairement à celles de “Nunuages”, dépourvues de couleur. Ce clip, au format carré, en noir et blanc, d’apparence plus sobre, indiquerait-il un changement de direction, loin de la sensualité et de l’hédonisme ? Détrompez-vous. D’une certaine manière, nous frôlons toujours la dolce vita. Mais cette fois, notre regard est invité à suivre une silhouette de femme, dont les courbes sont mises en valeur dans un jean blanc. Avec “Belle”, Felixita - dont le visage apparaît sur le téléphone rangé dans une poche arrière - s'est décidée à nous faire passer une belle leçon de body positivité et d’acceptation de soi.

Nous nous retrouvons donc sur les pas de cette inconnue, partie à la conquête de la ville tant elle est libre et libérée de tout complexe, de toute injonction à la beauté. Une ode à la femme moderne, ou plutôt “aux femmes modernes”, qui, sur fond entêtant de clavecins, de basses et de révolution, célèbre la diversité et la libération des corps, tout comme celles des esprits d’ailleurs. Alors en plein confinement, les vers de “Belle” résonnent dans nos esprits. “Décider décidément à m’aimer” : voici un rappel qui fait le plus grand bien. Et puis, de toute façon, Felixita, nous, on l’aimait déjà.
Attendu pour début 2021, Felixita devrait bientôt dévoiler un premier EP dit “sucré-salé”.
Par Laura Gervois
Please, "Of Our Own"
"Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme." Le fameux principe de Lavoisier ne s'applique pas qu'en chimie : tout le monde aime faire du neuf avec du vieux. Si le terme de "revival" semble être un brin exagéré pour Please, on ne peut s'empêcher de penser aux multiples influences qui abreuvent leur single "On Our Own", extrait de leur EP Time To Spare sorti en octobre dernier. Des arrangements pop psychédéliques à la Sergent Pepper des Beatles jusqu'aux harmonies rappelant les Lemon Twigs (dont la musique est déjà particulièrement référencée), le quatuor semble ne pas être né du bon côté de la Manche.

Mais loin de reprendre bêtement les ingrédients qui ont fait le rock anglais des années 60, le groupe parisien livre ici une ballade particulièrement charmante et efficace. Mise en images à travers un clip aussi rétro que léché (réalisé par un certain Tara-Jay Bangalter...), la musique parle d'elle-même. Cadre bucolique, grain analogique, typographie à l'ancienne, amplis Orange et looks élégants comme on n'en fait plus... Une esthétique aussi désuète qu'inexplicablement moderne, combinant habilement les mondes d'avant et de maintenant. A quand celui d'après ?
Par Elie Chanteclair
HOORSEES, "Overdry"
Dès les premières notes d'"Overdry", on est plongé dans un univers rock old school fleurant bon le garage rock et les premiers émois adolescents, où se rencontrent New Order, The Killers et The Cure dans un dancing kitsch et has been du 14ème arrondissement de Paris.
Depuis leur dernier EP Major League of Pain, sorti il y a un an, HOORSEES nous avait laissés dans l'attente (et l'impatience !). C'est donc avec joie que nous retrouvons le quatuor parisien, qui vient d'ailleurs d'annoncer la sortie de son premier album pour février 2021.
Alex, Zoé, Thomas et Nicolas, devant l'objectif de Florentin Convert (qui a réalisé le clip et mixé le titre), nous apparaissent à travers une image vieillie par le grain de VHS, accentuant les échos vintage des guitares, transpirant une mélancolie naïve et adolescente. Tant par la mélodie que par le look du groupe et l'image vidéo, tout chez HOORSEES cherche à nous faire croire que nous avons glissé dans une faille spatio-temporelle, nous envoyant directement dans les 90's. En portant un regard sur l'année qui vient de s'écouler... ce n'est vraiment pas pour nous déplaire !
Par Apolline Pournin