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Plan Clip #16 : La Femme, Marie-Pierre Arthur, Ichon, Saint DX, Rone & Darius x Wayne Snow

Parce que les clips sont parfois de véritables bijoux, dignes de chefs-d'œuvre cinématographiques ; qu’ils sont le reflet visuel de l’univers musical de l’artiste. Parce que l'œil de l'équipe réalisation d’un clip a également son importance ; parce que leur vision artistique et leurs rôles ne sont pas à négliger. Parce que mettre la musique en images donne parfois une seconde lecture à un morceau, on a souhaité analyser tout ça, pour vous : voici la rubrique Plan Clip.



La Femme - « Paradigme »


La fièvre des concerts, DJ sets et autres dîners mondains pré-pandémie vous manque ? Après quatre ans d’absence, La Femme est de retour pour mettre de l’eau dans votre vin. Pour le groupe, samedi soir rime avec « désirs tendus et idées noires ». Ambiance. Que les oiseaux de nuit se rassurent : « Paradigme », sorti le 10 septembre, s’habille de mélodies entraînantes pour accompagner son clip quelque peu énigmatique.


Pourtant, au début, tout commence bien. Le cabaret nous accueille sous une pluie de lumières orangées. Les trombones dansent et crient leur joie de se retrouver sur scène. La musique est festive, il ne faut que quelques secondes à nos orteils pour se mettre à tapoter le sol en rythme. Puis, lorsque les cœurs annoncent la mesure suivante à coup de « 3, 4 ! », tout bascule.


Une lumière glaciale vient recouvrir le décor pour annoncer l’entrée de chanteuses à l’allure peu commode qui, de toute évidence, ne portent pas un amour inconditionnel pour « la nuit ». La danse est crispée, robotique. Les regards sont fixes, au point que les caméras semblent hypnotisées, presque effrayées à l’idée de s’éloigner d’elles. Le contraste est total avec l’énergie débordante de la formation de musiciens qui s’empressent d’ailleurs de reprendre possession de la scène, comme pour nous faire oublier le regard transperçant lancé par les chanteuses en fin de refrain. La fête repart, on se surprend à danser de nouveau tout en sachant pertinemment que Les Femmes reviendront.


Et elles reviennent, mais cette fois avec des explications. Si elles sortent, c’est « pour tout effacer de [leur] mémoire ». Si « la vie [les] crame, la nuit [elles trouvent leur] heure de gloire ». Orange et bleu ne sont plus ennemis, chanteuses et trombonistes se rassemblent pour célébrer la nuit sombre, effrayante, mais pourtant nécessaire et salvatrice. Mais attention, le groupe prévient : « Pendant la nuit, les masques tombent ». Pas certain donc que le morceau soit recommandé par le ministère de la Santé. On s’en charge pour lui.



Par Simon Aunai



Marie-Pierre Arthur - « Des feux pour voir »


Marie-Pierre Arthur dévoilait il y a quelques jours le clip de « Des feux pour voir », morceau éponyme de son dernier album riche de huit titres. Cette vidéo est le fruit de 10 ans d’expérience qui lui ont permis de construire son univers graphique et musical. Cet univers, c’est un rock aux accents mélancolique et grunge. Un monde où l’ombre et la lumière s’entremêlent pour créer un hymne unique.

Au centre de cette chanson, l’amour ; sujet ô combien flamboyant. Elle nous parle de son urgence d’aimer et de ce qu’elle pourrait être capable de faire pour voir le chemin sur lequel elle s’aventure avec l’être désiré. Véritable déclaration d’amour, « Des feux pour voir » prend la forme d’un examen intérieur de la passion pour poser des mots sur ce que cette histoire déclenche en elle. La voix intense de l’artiste baignée dans une distorsion somptueuse résonne en chacun d’entre nous et réveille notre désir de passion.

Produit par Parce Que Films et co-réalisé par Cynthia Mateu et Olivier Picard en collaboration avec Mathieu Dupuis aux commandes des effets spéciaux, ce clip nous donne envie d’explorer la pénombre pour y ressentir l’amour. Mystérieuse, cette vidéo l’est sans aucun doute. On y voit les musiciens de l’artiste : François Lafontaine, Nicolas Basque, Samuel Joly et Robbie Kuster se fondre dans des images oniriques et symboliques. Intense et passionnel, le clip de "Des feux pour voir" nous plonge dans un monde où l’amour excuse les plus grandes folies.


Par Agathe Pinet


Ichon - « 911 »


Septembre sera le mois des sorties des singles intitulés « 911 », entre Lady Gaga, Damso ou encore S.Pri Noir. Parmi ce condensé d'artistes, Ichon trouve sa place avec son titre « 911 » qui accompagne la sortie de son premier album Pour de vrai.


Deux couleurs prédominantes


Après avoir opposé le noir et le blanc dans son titre « Noir Ou Blanc » avec Loveni, Ichon, ici, fait contraster le rouge avec le bleu. Dès le début du clip, Ichon apparaît, la caméra qui dézoome, au milieu d’une ambiance dérangeante, appuyée par le rouge et le vert. Son corps est lié par des cordes rouges, tandis que l'inscription « 911 » apparaît en bleu sur son torse, juxtaposée à des fleurs séchées rouges.



À la poursuite du bleu


Si Ichon tente de se libérer de ses chaînes pendant la première partie du clip, le bleu fait son apparition au début du second couplet, alors que le chanteur proclame « Je ne les ai jamais cru, j’ai toujours su que j’aurais eu le choix // J’ai des doutes parfois ». Le bleu détruit alors le rouge, comme l’illustre le magnifique plan qui débute à 2:05. On arrive alors dans une ambiance plus sereine, calme, réfléchie (2:40), tandis qu’Ichon se bat contre lui-même.



Une déclaration personnelle qui résonne


Le plan final, un panoramique horizontal, montre Ichon se confondant dans le bleu tant recherché, après avoir réussi à se libérer, se détacher. Une image aussi forte que le refrain de ce morceau. Ichon nous délivre ici un message personnel car le refrain lui est propre « Je suis né dans le 9.3 en 1990 » (même si plusieurs personnes sont nés dans le 93 en 1990, on vous l’accorde). Pourtant, son message de détermination, de persévérance et de confiance en lui est très inspirant et boostant.



Par Prisci Adam



Saint DX - « No Love » feat. Clara Nowhere & Joseph Di Lombo


Tourné en Toscane, le nouveau clip de Saint DX offre des vues magnifiques sur les champs verts et ors de la région. Réalisé par son ami Julien Pujol, qui avait réalisé son clip « Xphanie », Saint DX, Clara Nowhere (la moitié d’Agar Agar) et Joseph Di Lombo, nous offre un moment doux qui s’étend comme les vues panoramiques et les contrastes, où les trois protagonistes semblent évoluer esseulés, avant de se retrouver devant une chapelle solitaire mais sans jamais interagir ensemble.



Une jolie composition à trois voix, que Joseph nomme « laboratoire à cœur ouvert ». « No Love » effleure une certaine nostalgie, sans pour autant en avoir la triste mélancolie. Pour cette chanson faite en une journée durant le confinement, c’est une réussite !


« Tout est allé très vite. Un matin, Joseph m’a envoyé une boucle de piano, je me suis mis à chanter dessus une chanson d’amour qui n’en est pas une. Dans la foulée j’ai envoyé la prod à Clara qui a enregistré et mixé sa voix dans l’après-midi. Le soir, la chanson était terminée. Moi qui mets d’habitude beaucoup de temps à finir mes morceaux, cette expérience a été salvatrice.” - Saint DX



Par Prisci Adam



Rone - « Room with a View »


Rone ? C’est un incontournable de la scène électronique française, un de ceux qui sait faire de ses machines des vecteurs émotionnels. En 2017, il avait marqué les esprits avec son album Mirapolis ; il y a peu, il nous présentait le clip de son titre « Room with a View », homonyme de son tout dernier album.



En mars dernier, Rone, accompagné du collectif (La)Horde et des danseurs du Ballet National de Marseille, prenait possession du Théâtre du Châtelet pour une carte blanche de deux semaines. « Room with a View », c’est avant tout le nom de ce spectacle, un ballet électronique renversant. Puis, il a donné naissance à cet album, se présentant comme un manifeste environnemental. Avec des noms de titres comme « Le Crapaud Doré », se référant à la première espèce animale éteinte à cause du réchauffement climatique, ou bien simplement « Human », le message d’abord subtil est maintenant perceptible. La musique arbore une dimension sociétale et invite à une prise de conscience collective !

Erwan Castex, dit Rone, a donc tout mis en œuvre pour que le clip de « Room with a View » réincarne cette perspective. Première image : du vent, Rone, une danseuse et des spectateurs. Elle, se fait extirper de la salle et la danse débute. Vive, puissante et chahutée, la violence des émotions jaillit. Les mouvements saccadés des danseurs et la musique mélancolique et progressive de Rone constituent leur exutoire. Au fil des minutes, Rone apparaît de façon ponctuelle, comme acteur et spectateur de son œuvre. Puis, il se fait emporter par cette masse de danseurs qui à présent, ne forme plus qu’un. Ensemble, happés par ce tourbillon destructeur, l’agglomérat des corps s’élève et s’échappe du théâtre ; c’est la libération.

C’est une merveilleuse track électro qui se vit tout en puissance et s’achève sur une note mystérieuse. Ce tourbillon cathartique aura-t-il eu raison d’eux ? Ce qui est certain, c’est que l’œuvre est immensément expressive et est parvenue à « raconter la souffrance et la légitime colère des générations actuelles qui cherchent à se fédérer pour se donner sens, [...] débordées par les infinies violences du monde ». Magistral !



Par Clara Jouaux-Savinien



Darius x Wayne Snow - « EQUILIBRIUM »


Si la French Touch est vaste et variée, le label Roche Musique en est un emblème. Effectivement, Darius est l’un de ces artistes qui ne déçoit jamais. Trois ans après son dernier clip avec Wayne Snow pour « Lost in the Moment », il nous a surpris en dévoilant « EQUILIBRIUM », véritable œuvre d’art réalisée par la talentueuse Alice Kong.



Prince de la musique électronique française depuis près d’une décennie, Darius avait conquis son public à coups d’ « Espoir » ou de « Maliblue ». Désormais, c’est tout en équilibre qu’il revient avec une électro lumineuse, qu’Alice Kong a su retranscrire avec des couleurs rétro et des plans quasi photographiques.

De fait, le clip met en scène avec absurdité une huitaine de protagonistes aux rôles biens distincts : des déménageurs, une mariée bouleversée ou bien un homme d’affaires rabougri. Tout les oppose et pourtant, les voilà unis de la façon la plus surréaliste qui soit. En déséquilibre total, ces personnalités bien différentes se retrouvent collées les unes aux autres, formant une boule compacte. Fuyant la ville, la boule colorée se doit de trouver une nouvelle balance, son propre équilibre.

Couleurs pop et saturées, jeu de textures et paysages qui transpirent le sud, telle est la ligne artistique de la vidéo. Une jolie création dans laquelle les protagonistes finissent par trouver un terrain d’entente, croisant sur leur chemin Darius et Wayne Snow en personne. L’harmonie collective est retrouvée et la boucle est bouclée !



Par Clara Jouaux-Savinien

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