Parce que les clips sont parfois de véritables bijoux, dignes de chefs-d'œuvre cinématographiques ; qu’ils sont le reflet visuel de l’univers musical de l’artiste. Parce que l'œil de l'équipe réalisation d’un clip a également son importance ; parce que leur vision artistique et leurs rôles ne sont pas à négliger. Parce que mettre la musique en images donne parfois une seconde lecture à un morceau, on a souhaité analyser tout ça, pour vous : voici la rubrique Plan Clip.
Achile, “Vie Normale”
Quel est le point commun entre les clips de "Basique" , "Tout va bien" d’Orelsan et "Makeba" de Jain ? Ce sont les mains et les yeux de Greg Orhel, jeune réalisateur talentueux dont on vous parle aujourd’hui car il est de retour avec le nouveau clip d’Achile La Vie Normale”. Le pitch ? Comment réaliser un clip “maison”, à l’aide d’un téléphone, de quelques accessoires et d’une bande de potes motivés. Au-delà de cette ôde à la création, Achile nous rappelle par ce nouveau clip les passions, la fraîcheur, l’inventivité et la détermination qui sont légions de la jeunesse.

Le jeune artiste nous laisse à voir des fragments de sa “vie normale” et nous prouve qu’il est avant tout une personne lambda (à part quand sa marque préférée a le nom de son ex dans le titre Kappa), qui “rate le train” et “marche tout seul dans Paris”.
Entre sonorités rap et chanson, on a hâte d’en découvrir un peu plus sur l’artiste et surtout on attend avec impatience son premier EP.
Par Apolline Pournin
Silly Boy Blue, "Hi, it's me again"
Notre Garçon Bleu Idiot favori est de retour ! Elle qui nous avait fait découvrir -et immédiatement adhérer à- son univers avec le magnifique titre "The Fight" qui avait fait décoller son 1er EP, Ana aka Silly Boy Blue, reviendra avec un nouvel album en 2021. En attendant elle nous présente le premier extrait clippé “Hi, it’s me again”.
Délicieusement triste et agréablement mélancolique, la chanson parle de tous ces messages post-rupture qu’on aurait aimé envoyer, crier, balancer et jeter à l'être aimé lorsqu'il a choisi de nous abandonner. La démultiplication de ces messages est accompagnée d'une multitude de Silly Boy Blue envahissant l’écran sur une teinte bleu nuit ; tantôt femme fatale à la Kate Winslet de Titanic sur son canapé, tantôt burrito enroulé dans un tapis… Sur ce titre, se mêlent des sons entre pop et rock, avec toujours la présence de synthés façon xylophone flottant qui image un côté presque enfantin dans la musique d’Ana.
On se reconnaît finalement dans tous ces messages transpirant le désespoir, le manque et le chagrin. Écouter la musique de Silly Boy Blue, c’est comme regarder un bon film de drame romantique, on en aurait presque envie de ressentir plus de tristesse et de chagrin dans notre vie pour pouvoir mieux éprouver sa musique. “Hi, it’s me again”... Et on est tellement contents de te retrouver Silly Boy Blue, encore !

(c) Manu Fauque
Par Apolline Pournin
Pomme, "grandiose"
Après nous avoir offert les très beaux clips des titres “les oiseaux” et “anxiété’, Claire Pommet nous livre aujourd’hui “grandiose”, enfilant la casquette de réalisatrice aux côtés de l’illustratrice ambivalently yours. La petite fille de la cover de l’album Les failles prend alors vie évoluant dans un univers coloré, se retrouvant au fil de la vidéo immergée dans différentes étapes de la fécondation. Sur ce titre, Pomme parle de son désir de maternité, d’avoir “un enfant dans le ventre”, sujet finalement peu abordé dans la musique.

À mesure que les notes de piano s’envolent, la petite fille poursuit son exploration, faisant face à un mur de glace, à des tunnels sombres, elle finit par tomber dans le vide. L’artiste a d’ailleurs tenu à faire un clin d’œil laissant pour finir apparaître succinctement des croquis de ses proches. La petite fille à l’air ahuri peut nous faire penser aux kodama, les petits bonhommes blancs dans Princesse Mononoké. Ces petits hommes symbolisent dans le folklore japonais L’esprit de l’arbre, une nature également très présente sur l’album avec notamment le titre “les séquoias”. Le résultat ? Un clip qui est, comme le dit le titre, “grandiose”.
L'artiste devrait reprendre d'ailleurs le chemin des concerts dès que possible, et sera notamment en concert spécial aux côtés d'Aloïse Sauvage au Printemps iNOUïS le 18 septembre prochain : on a hâte de la retrouver !
Par Apolline Pournin
Lombre, "Espoir Noir"
Nouveau venu sur la scène francophone, Lombre parvient peu à peu jusqu'à nos oreilles. Avec beaucoup de richesse et de créativité, Lombre apporte quelque chose de nouveau, qui fait résonner plusieurs influences en nous. L'artiste de spoken words peut évoquer le phrasé des textes de Fauve ou encore Gaël Faye, notamment dans "Quand La Ville Dort Encore". Des textes riches, sublimés par des productions électroniques à la fois aériennes et entêtantes, comme s'il fallait se perdre, s'abandonner sur la musique de Lombre que ce soit physiquement ou mentalement. Tout lâcher.
Une musique cathartique, dans les mots et les intentions, qu'on peut constater dans le clip d' "Espoir Noir". Comme un documentaire, le clip adapté d'une histoire vraie, conte l'histoire de Joshua & Emma, un couple de danseur, dont le premier a failli perdre espoir, le jour où son genou a lâché. Réalisé par Jérémie Brivet - à qui l'on doit aussi le clip "Roses & Mezcal" de Bolides - dans l'émotion des personnages, de l'amour à la force, en passant par le désespoir et la persévérance, le clip retranscrit cet ode à l'espoir et à la vie comme le martèle également Lombre : "L'espoir est noir, mais l'espoir n'est pas mort".

Des nuances de couleurs habitent la musique de Lombre. Commençant dans un endroit sombre, illustrant l'esprit du personnage principal, les mots de Lombre donne les premières lumières du clip. Entre "noir", "lueur du jour", "soleil", "antre" et "chaleur nocturne", Lombre passe du noir à la lumière pour délivrer un message positif de motivation et de foi en soi.
Le prochain EP de Lombre sortira le 10 septembre. Une release party est organisée au Pop-Up du Label le même jour.
Par Prisci Adam
Moji x Sboy, "Roméo doit mourir"
Mutation amorcée : Moji et Sboy semblent avoir mis un pied dans le monde des adultes. En 2019, les deux Belges avaient affolés les algorithmes et les compteurs de vues avec seulement deux titres, propulsés par le fameux compte Instagram "1minute2rap".
"Ma go" et "Regarde moi" comptabilisent désormais plus de onze millions de visionnages sur YouTube et emploient la même recette particulièrement efficace : mélodies de guitare mélancoliques, voix mielleuses à en tuer un diabétique, paroles rappelant les meilleures déprimes amoureuses pendant les révisions du bac de français, le tout saupoudré de boucles d'animations japonaises typiques de la musique lo-fi... Leurs mélodies et histoires avaient su toucher un public adolescent en quête de spleen à l'eau de rose, mais les jeunes rappeurs semblent ne pas avoir pu s'en contenter.

Sur "Roméo doit mourir", ils signent une métamorphose artistique et une belle prise de risque. Les sonorités des instruments et des voix, rappelant la bedroom pop de Joji ou Cuco, sont clairement plus matures et personnelles. Une ambiance à la fois triste et lancinante, sublimée par un très beau clip de Al Shaamy & Marouane, où la lumière pâle et le grain rétro embaument les voix lointaines des rappeurs devenus chanteurs. Et ce tout en conservant l'univers romantique et l'imagerie japonisante de leurs débuts. Évoluer sans se renier, puisse le sort leur être favorable.
Par Elie Chanteclair