Parce que les clips sont parfois de véritables bijoux, dignes de chefs-d'œuvre cinématographiques ; qu’ils sont le reflet visuel de l’univers musical de l’artiste. Parce que l'œil de l'équipe réalisation d’un clip a également son importance ; parce que leur vision artistique et leurs rôles ne sont pas à négliger. Parce que mettre la musique en images donne parfois une seconde lecture à un morceau, on a souhaité analyser tout ça, pour vous : voici la rubrique Plan Clip.
Djakarta, "Any Open Door"
Le duo Franco-Australien Djakarta dévoilera son EP Overseas à l’automne prochain. En attendant, il nous offre le morceau « Any Open Door », véritable hymne à l’évasion et à la poésie. Ce single mixé par le talentueux Stan Neff mêle instruments organiques (guitare, piano préparé) et textures électroniques, ce faisant ce morceau indie-pop délivre des influences électro-folk superbes.

Le formidable clip texturé d’«Any Door Open» est la preuve que faire des ponts entre plusieurs univers peut créer des synergies magnifiques. La vidéo-peinture est signée Baptiste Perrin qui n’en est pas à son coup d’essai avec l’industrie musicale, il a notamment travaillé avec Pépite et L’Impératrice. Ici, l’univers est coloré et feutré, les symboles de liberté se retrouvent partout à l’instar d’un oiseau et d’un surfeur affranchi sur une mer bleue, rose et jaune.
Ce titre est la bande son estivale idéale que nous attendions tous. Grâce aux 1800 dessins à l'acrylique qui illustrent ce voyage onirique, Djakarta nous offre la plus belle des évasions vers un monde joyeux et reposant. Nous traversons des portes et des serrures pour terminer notre course face aux falaises d’Etretat. Nous nous retrouvons nez à nez avec le soleil ou sur une route, et c’est ici que réside la force de ce clip hors normes, chaque plan nous donne le sentiment que l’évasion et la fuite vers un ailleurs est possible.
Par Agathe Pinet
BERGMANN, “Cross My Heart”
Après avoir sorti quelques morceaux au compte-gouttes - souvenez-vous des très sensuels "Pay Attention" (2018) et "Boy Bye" (2019) -, BERGMANN s'apprête à dévoiler un premier album, No Curfew (HRCLS Records). Bien qu’il faille attendre la rentrée 2020 pour le découvrir, l’artiste autrice-compositrice nous offre tout de même un aperçu de son univers singulier à travers le single et clip de “Cross My Heart”. Une vidéo qui illustre à merveille, et sans complexe, une musique inspirée des années 90 / 2000, entre pop éthérée et r’n’b futuriste.
Si l’on souhaite donner autant d’intérêt au clip de “Cross My Heart”, c’est parce qu’il a été entièrement écrit, réalisé et monté par l’artiste elle-même, et ce, “avec les moyens du bord”. En effet, alors en plein confinement, celle-ci s’est entourée de “trois copains, son chien, une robe trop petite, un fond vert (...)” et a fait deux-trois tours de passe-passe, le tout pour un résultat surprenant.

Robe rose flashy, chevelure rousse flamboyante et grosse chaîne dorée : c’est ainsi que nous découvrons l’artiste, qui danse face à la caméra. Les arrière-plans ne tardent pas à défiler, nous transportant alors d’un parking souterrain à un champ, en passant par les contrées futuristes et hautes en couleur de Charlotte Esquerre. Sur des notes de synthé, la voix douce de BERGMANN vient nous bercer. Nous voilà comme enveloppé.e.s dans du coton.
De la police d’écriture arcade au stylisme, chaque détail a visiblement été pensé avec soin. Un kitsch totalement assumé, mais non sans une pointe d’autodérision, comme nous l’indique l’artiste qui esquisse parfois un sourire quand l’objectif croise son regard. Un travail de la lumière (littéralement) éblouissant, obtenu grâce aux simples phares xénons d’une voiture. Et toujours cet homme, objet de notre attention, qui apparaît furtivement, sans jamais laisser entrevoir son visage. Comme quoi, la crise du COVID-19 n’aura pas suffi à freiner le talentueux élan de BERGMANN.
Par Laura Gervois
Felixita, “Nunuages”
On l’avait découverte en septembre sur la chaîne des Capsules, peut-être attirés par le titre singulier. “Nunuages” correspond à ce qu’on attend, un titre à la fois léger et un peu décalé. Dans la live session des Capsules, très réussie, Felixita évoluait en plan séquence dans l’atelier de Samuel Martial en tenue d’été. Plus tard, le titre "Bien ou quoi (quoi)" nous avait séduit, et avait conduit Felixita dans notre sélection des Bars En Trans.
Voix haut perché et singulière, c’est la recherche de mélodie dans la musique de Felixita qui nous fait tomber amoureux. C’est vaporeux, agréablement surprenant, innocent et surtout détendu. Les paroles s’étirent dans le temps après chaque verset, étendant également le temps qui file.
Le clip de “Nunuages” quant à lui se déroule dans le sud de la France, d’où la chanteuse est originaire. Réalisé par Pauline Sanderre, L’état Libre du Monde et Felixita elle-même, il se découpe en trois chapitres prédominés par des choix de couleurs : le rouge, le jaune puis le bleu. Par des associations d’images, on contemple Felixita et ses camarades (joués par Alexandre Mauve et Laurent Cesari) évoluer. La caméra et le montage nous permettent de nous focaliser sur quelques éléments, tantôt des nuages, la mer ou encore la chanteuse.
Enveloppé dans ce sentiment d’innocence et d’insouciance, le clip tient quelque chose du cinéma français de la Nouvelle Vague, que ce soit dans les écritures ou par le mouvement de zooms de la caméra qui nous offre ainsi des magnifiques plans larges. Enfin, le clip se clôt sur un générique de fin où figurent les paroles, clôturant ainsi l'histoire sur un plan de Felixita au milieu de l’océan. “Nunuages” est bel et bien à ajouter dans votre playlist de cet été !
Par Prisci Adam
Hugo Barriol, “Stay”
On ne vous a jamais parlé de Hugo Barriol et pourtant, cela fait un moment qu’on connait le projet. La première fois qu’on a croisé Hugo Barriol, il se produisait dans le métro parisien, un emplacement entre deux couloirs de la station Pigalle. Sa voix saisissante suspendait alors le temps, une sensation qui se retrouve dans chacune de ses prestations et de ses morceaux. À l’époque, il entamait “On The Road”, une chanson d’une puissance mélancolique monstrueuse.
Depuis, Hugo Barriol a rejoint le label Naive (Believe Music) et dévoilé un nouveau clip pour son nouveau morceau “Stay”. Un morceau, lui aussi, tout en poésie et mélancolie. Ici, le bleu prédomine à la tombée de la nuit, que ce soit dans l’eau ou dans un ciel parcouru par des mains, comme des caresses perdues.
Une balade solitaire en approche à une rupture et des promesses compromises. Sur des plans ralentis, le réalisateur Mathieu Spadaro, nous plonge dans une introspection auditive et visuelle, en capturant des nuages, symboles peut-être de l’éphémérité de la relation. Au gré de plans serrés à contre-jour, on partage la fuite du chanteur, entre contemplation et quête de sens, le tout enveloppé dans la douceur de la voix de Hugo Barriol.
Par Prisci Adam