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Plan Clip #11 : George Ka, Pretty Boy Aaron, Ichon, Gregory Desgranges, Ana Diaz & Bolides

Dernière mise à jour : 18 oct. 2020

Parce que les clips sont parfois de véritables bijoux, dignes de chefs-d'œuvre cinématographiques ; qu’ils sont le reflet visuel de l’univers musical de l’artiste. Parce que l'œil de l'équipe réalisation d’un clip a également son importance ; parce que leur vision artistique et leurs rôles ne sont pas à négliger. Parce que mettre la musique en images donne parfois une seconde lecture à un morceau, on a souhaité analyser tout ça, pour vous : voici la rubrique Plan Clip.



George Ka, “Jolies personnes”


Nouveau talent de la scène émergente parisienne, George Ka a déjà fait parlé d’elle en 2020, que ce soit par son sublime partenariat avec Levis ou sa sélection au tremplin La Grande Party. La semaine dernière, elle a sorti un nouveau clip pour le titre “Jolies Personnes”.


Trio invincible de filles traversant la nuit sous la caméra et l’oeil de Maxime Baudin, également réalisateur des clips "Amnésie" de Damso, et de "Stranger/Lover" d’Ibeyi, le clip commence dans les couloirs du RER A tandis que les trois protagonistes finiront au petit matin à la limite nord de Paris.


Le titre “De jolies personnes” apparaît au début et à la fin du clip, comme pour encadrer cette histoire dans un spectre cinématographique. Pourtant, l’inspiration est bien réelle. “J’ai toujours aimé voir des bandes de filles sortir du métro et s’engouffrer ensemble dans la nuit. Je voulais écrire un morceau qui parle d’elles, de nous, des femmes dans la rue le soir, dans les clubs, dans la ville qui somnole en surface et qui danse au sous sol.” a confié George Ka.


Les petits détails chorégraphiés donnent du rythme au clip, que ce soit à la symétrie ou au mouvement des cheveux à 0:23 secondes, tandis que les paroles abordent la condition des femmes dans la rue le soir, et le fait de s’échapper : “Elles ont arrêté leur montre pour rentrer plus tard”, ou encore les harcèlement de rues : "Elles ignorent les sifflements de quelques derniers mâles/Postées sur talon aiguille comme sentinelle sur mirador/ A l’affût de prédateurs potentiels dans les angles morts”. Un nouvel opus réusssi donc pour George Ka, qui arpente nos coeurs au rythme où elle arpente la rue.


Prisci Adam


Pretty Boy Aaron, “Comb My Hair”

Si vous avez le sentiment d’être né au sein de la mauvaise génération, le dernier clip de Pretty Boy Aaron est fait pour vous. Teinté d’une vibe très années 70, “Comb My Hair” déborde de larges manteaux en fourrure, de vestes en cuir et de filtres sépia. Réalisé par Rodger Woodruff, le clip vient illustrer le morceau Pretty Boy Aaron, sorti en début d’année, et qui enflamme la sphère indie pop de la planète – surtout depuis que les diggers de Spotify l’ont rentré en playlist…


Derrière Pretty Boy Aaron se cache Aaron Cunningham, producteur et rappeur de 25 ans originaire de Dallas au Texas. Ses débuts dans la musique se situent en 2017, avec la sortie de son EP Stay Pretty., dont les thèmes tournent autour de la séduction et de l’amour, de “Loverboy” à au sensuel 2721. Avec “Comb My Hair”, le chanteur ne s’éloigne guère de ses thèmes de prédilection, tandis que sa partenaire, Tesia, ne cesse de répéter : “I gotta look good for you baby, look good / So, lemme comb my hair for you baby”. Pourtant, le clip est à des années-lumières d’une rom-com désuète. Il se rapproche plutôt d’un film de gangsters, empruntant aux codes de la comédie, à la manière d’un Nice Guys de Shane Black (2016). Bagarre de malfrats, coups de poing dans tous les sens, saturation d’effets spéciaux vintage… Rodger Woodruff s’est fait plaisir en reconstituant une guerre de gangs où les perruques voltigent dans tous les sens.

Si c’est l’album Swimming de Mac Miller qui a inspiré à Pretty Boy Aaron ce morceau, force est de constater qu’il s’éloigne pourtant des vers du rappeur précocement disparu. Dans Swimming, Mac Miller évoquait sa rupture avec la chanteuse Ariana Grande, sa santé mentale et sa guérison en treize titres baignés de mélancolie. A contrario, “Comb My Hair” est un morceau enjoué, qui fait rêver à la réouverture des pistes de danse.


Lolita Mang



Ichon feat. Loveni, “Noir ou Blanc”


Composé par PH Trigano & Lewis OfMan, arrangé par Crayon, l’équipe à la réalisation du nouveau clip d’Ichon a de quoi faire pâlir, et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’artiste sait s’entourer… Sur le titre Noir ou blanc, Ichon (et ses multiples chignons) s’offre une collaboration, avec son fidèle et éternel compère Loveni, lui aussi membre du collectif Bon Gamin (dont Myth Syzer est aussi un illustre membre). Depuis le dernier titre du rappeur Passe le message, il semble s’orienter vers des sonorités de plus en plus electro-pop, annonçant la couleur pour son premier album Pour de vrai à sortir le 11 septembre prochain.


On se rappelle à quel point il était agréable de rider avec Ichon aka Yann sur le clip de Si l’on ride avec Muddy Monk. Encore une fois, le rappeur originaire de Montreuil nous embarque à bord de son bolide sur un fond de coucher de soleil qui nous donnerait presque envie d’écouter Petit Biscuit (ou pas).

C’est finalement une grande preuve de tolérance et une ode à la différence que nous livrent ici les deux rappeurs. Défilé à l’image de multiples personnes : danseurs, couple… Le clip accueille par ailleurs de nombreux guests, dont la chanteuse Yseult pour ne citer qu’elle. On n’a pas la même vie mais on fume la même clope clame Ichon, et l’évidence de cette affirmation balaye les discriminations avec légèreté. Comment faire d’un sujet sérieux une raison de danser ? Seul l’artiste peut y répondre, mais on attend le retour du montreuillois en septembre avec impatience, Pour de vrai.

Apolline Pournin


Gregory Desgranges, "Monica


Si son nom ne vous dit certainement rien pour le moment, il est à retenir car il risque d’être à compter parmi les artistes à suivre de la rentrée. Signé au sein du label bordelais Rouge Neon Record (fondé par John & the Volta), Grégory Desgranges sortira son premier EP Elle était la nuit le 25 septembre prochain. Il nous présente ici un premier clip du très sensuel “Monica”. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on est déjà séduit.

La Monica à laquelle on pense immédiatement est bien celle à qui cette vidéo rend hommage : Belucci. Sous les talents de montage de Steve Mesmin & John Ducasse, les extraits du film Vita Coi Figli (film du cinéma italien des années 80 réalisé par Dino Risi) viennent magnifier l’actrice à travers de sublimes plans face caméra. Mélange de chanson française et de musique synthétique vintage, l’artiste scande son obsession pour cette Monica, sa voix trahissant l’envoutement dont il est victime.

Les images sont vieillies sous l’effet d’un grain VHS, et nous voilà transportés devant un vieux téléviseur des eighties, fixant la succession d’images ensorcelantes de l’actrice, rythmées par la voix parfois chancelante de Grégory. On ne sait plus trop si Monica est réelle ou le fruit d’une illusion… La musique de Grégory Desgranges nous livre ici son premier bourgeon.


Apolline Pournin


Ana Diaz, Les Fleurs

Ana Diaz est de retour avec un nouveau titre d’une grande douceur, Les Fleurs, composé durant le confinement. Le clip, tout aussi intimiste que le morceau qu’il accompagne, filme Ana et une fillette en hyper gros plan, comme si la caméra cherchait à s’infiltrer à l’intérieur de la tête des protagonistes.


Ana coiffe d’abord la fille à l’aide de baguettes de Mikado, avant que les rôles s’inversent. On les devine entourées d’amis, assis dans l’herbe, à se détendre sous un soleil radieux. Et c’est tout. La fin du morceau arrive déjà. Avec sa caméra à l’épaule tremblotante et la quasi-absence d’étalonnage, la mise en scène minimaliste du clip va à l’essentiel de son propos.


Les paroles du morceau viennent contraster ces images réconfortantes en évoquant une rupture qui semble avoir été difficile. Ana y chante son soulagement d’en avoir fini avec cette relation, même si quelques doutes persistent dans le refrain : Dile tu que ya no te va (Dis lui que tu ne pars plus). Elle s’est enfin retrouvée elle-même, en laissant derrière elle un passé qui ne lui convenait plus. Le clip expose cet instant d’après, où l’on se sent enfin libre et heureux après une période trouble.


Ana décrit elle-même le morceau comme un retour aux sources après une période un peu floue, avant d’ajouter : Mon entourage est au cœur de ma musique, comme une source d’inspiration”. Voilà ce que le clip tente de capturer. Une tranche de vie dans laquelle on a le droit de se glisser, pour goûter à ces moments simples où il ne se passe rien, et où tout se passe à la fois.


Simon Aunai



Bolides, "300km/h"


Presqu’un an après la sortie de "Roses & Mezcal", un des tubes de notre été 2019, nos Bolides préférés - qu'on avait d'ailleurs programmé à notre soirée "Inseine" - reviennent avec le premier extrait de leur prochain EP, “300km/h”. Toujours attachés au champ lexical de la F1, à nouveau, les Bolides ne déçoivent pas.


Commençant par un plan tourné en VHS et par les paroles du refrain, le clip nous plonge directement au cœur du message du morceau. Le chanteur, Samson, prend la fuite, laissant derrière lui, une brune esseulée (Alicia Hava) et un artichaut.


L’artichaut, élément clé du clip. Ici la métaphore est limpide : l’artichaut représente un cœur qui s’éprend trop vite pour plusieurs êtres de passage, créant une faille des deux côtés. Ceci est illustré à travers deux mises en situation, la première où il prend la fuite, et la seconde où il reprend la course, telle une substance addictive qui le pousse à gagner le cœur “fragile” d’une jolie blonde - ici Marianne Delfau - sans aucune autre émotion que celle de la fierté d’une victoire.



Des envolées cardiaques qui plongent le personnage principal dans le tourment, en proie à ses pulsions à la fois d’attraction et de fuite. J’suis pas fait pour durer, je pars tôt “. Ici, on parle de sentiments ambivalents, une réalité altérée, un besoin, une pulsion : Trois cent kilomètres/heure, j’veux casser le compteur “


D’après la réalisatrice Ophélie Thiébault “le clip raconte l'aventure d'un pilote magnanime qui enchaîne les rencontres romantiques. Même si celles-ci vont trop vite, il laisse un morceau de son cœur à chaque rendez-vous mais s'enfuit aussitôt pour ne pas trop souffrir.” Encore une fois, les Bolides racontent l’amour différemment et bien sûr, on sera là pour suivre la suite de leurs aventures.


Prisci Adam


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