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Plan Clip #10 spécial Lewis OfMan

Parce que les clips sont parfois de véritables bijoux, dignes de chefs-d'œuvre cinématographiques ; qu’ils sont le reflet visuel de l’univers musical de l’artiste. Parce que l'œil de l'équipe réalisation d’un clip a également son importance ; parce que leur vision artistique et leurs rôles ne sont pas à négliger. Parce que mettre la musique en images donne parfois une seconde lecture à un morceau, on a souhaité analyser tout ça, pour vous : voici la rubrique Plan Clip.


Cette semaine, l’équipe a souhaité mettre en lumière un artiste qui s’applique à développer un univers visuel bien à lui : Lewis OfMan (Profil de Face). Compositeur de musiques électroniques français aux multiples talents, l’artiste a aussi bien travaillé sur l’album Dear Annie (2018) du rappeur irlandais Rejjie Snow, que sur Without Any Explanation Why (2019) de Vendredi sur Mer. Après l’EP Je pense à toi (2018), voici qu’il s’éloigne de son habituelle électro pop chantée en français et prend un tournant avec un diptyque de clips “Attitude” / “Dancy Boy”.


“Attitude" et "Dancy Boy" : un diptyque énergisant


"Attitude"


Réalisé par Julien Soulier (Partizan) et produit par Auguste Bas & Steve Wood, ce diptyque de clips nous plonge au coeur même de la ville d’Atlanta, berceau de la culture hip-hop et breakdance des années 80. Loin des clips pop, romantiques et colorés du Lewis OfMan que l’on connaissait, ce premier volet intitulé “Attitude” nous emmène sur le parking d’un roller disco où une rixe de gangs sur le point d’éclater se réglera en une battle de danse.


Le tout début du clip fonctionne comme une introduction, tout en douceur, comme pour laisser la chanson s’installer. Des plans plus ou moins rapprochés sur les figurants nous invitent au coeur même de l’action. Attaquant la scène de tous les angles, la caméra adoptera très rapidement un rythme saccadé afin de capturer chaque mouvement des danseurs et danseuses passionnés parmi lesquels Solomon Snowden, Leiera Miles, Mello, Laè et Lilone. Elle s’éternisera parfois sur certains personnages, comme à 1.47 minute lorsqu’elle capture le regard perçant de cette danseuse en sweat vert.


Et puis, changement de décor. Nous suivons les figurants jusqu’à l’intérieur de ce disco roller kitsch jusque dans le nom, Cascade. Grâce à un travail de lumière infaillible, nous voilà projetés tout droit dans les années 80. Sur la piste de danse, la caméra s’attarde une nouvelle fois sur chacun d’entre eux, comme pour marquer leur individualité, et nous fait virevolter. Lewis OfMan lui-même y fait même une très courte apparition. Et alors que les danseurs et danseuses réalisent des exploits sur quatre roues, le clip ne fait alors plus qu’un avec la musique aux sonorités électro disco.


Un pur condensé de danse et de good vibes”, tout comme la musique de Lewis OfMan, “Attitude” célèbre ici l’amour de la musique et du moove. “Attitude et Dancy Boy sont deux morceaux qui donnent clairement envie de danser. Lewis pensait au documentaire Style War. Une immersion dans la culture Hip Hop breakdance des années 80 aux US. Le disco roller, dans les communautés afro-américaines, était un sujet qui m’obnubilait. La vibe d’Attitude était taillée pour ça. On imaginait une battle de roller, à la sauce 8 miles sur un parking de nuit” explique Julien Soulier. Son travail et son oeil aguerri parviennent ainsi à retranscrire l’énergie unique d’une ville et d’une époque à la perfection.


Coup de maître, puisqu’il annonce également à annoncer la suite du diptyque avec une furtive apparition du “Dancy Boy”.



“Dancy Boy”


Également réalisé par Julien Soulier, la seconde moitié de ce diptyque, “Dancy Boy”, nous plonge à nouveau au coeur d’Atlanta. Cette fois-ci, nous nous retrouvons loin de la foule, mais plutôt seuls sur les traces de ce jeune garçon qui s’absente d’un foyer visiblement divisé, dominé par l’animosité. Musique dans les oreilles, ce personnage, incarné par Jordan "Jay Amir" Richardson, s’évade et se laisse à danser dans les rues sombres de la ville.


Casque de musique vissé sur la tête, tantôt face à un affrontement de gangs, tantôt à l’arrière d’une voiture, accélérant sa course aussi vite que ses pas, le jeune mais non moins talentueux “Dancy Boy” nous embarque. La précocité de ce danseur d’à peine 13-14 ans n’est pas sans nous rappeler celle de l’artiste. En effet, la vingtaine fraîchement passée, Lewis OfMan, qu’on avait connu notamment pour des morceaux plus électro-pop chantés en français (“Plein de bisous”, “Le métro et le bus”…), nous offre un joli mélange de house, d’électro et de disco.



À la différence de “Attitude”, les plans - dont certains ont été filmés au drône par Tre Loren - y sont un peu plus variés, parfois plus larges, et englobent tout le décor. Une nouvelle fois, la lumière a été travaillée avec finesse et précision : quand des néons bleus et rouges ne clignotent pas, c’est un faisceau de lumière qui éclaire le chemin et les gestes de “Dancy Boy”. Celui-ci sème alors la joie partout sur son passage, jusque dans les rayons d'un supermarché.


Pour Julien Soulier, “Dancy Boy” est un Billy Elliot immergé dans l'univers trap d’Atlanta. Pour nous, l’effet est immédiat. Et comme absorbés par cette scène, nous ne pouvons pas ne pas remarquer le contraste saisissant entre l’aspect très urbain et très sombre de la ville d’un côté, les mouvements de danse du jeune homme, la musique et la joie qui découle de tout ça de l’autre.


Finalement, la boucle est bouclée, et nous réalisons que les deux scènes se déroulent en simultané et se croisent. Parce qu’un seul clip ne suffisait pas, en voici deux magnifiques qui font office d’une ode à la danse et à l’allégresse.



Par Apolline Pournin et Laura Gervois.


Un virage étonnant, loin d’être décevant


Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce diptyque est surprenant. On y perd tous les repères qu’on avait dans l'univers de Lewis OfMan, que ce soit visuellement ou musicalement parlant. À travers le diptyque, l’artiste propose un court-métrage où la musique narre l’histoire. On retrouve la patte de Lewis OfMan dans ces intentions dansantes, et toujours accompagné de ses claviers.


Dans “Attitude”, l’exemple est surement le plus frappant. A 2:30, moment où le titre du clip apparaît enfin, on retrouve une composition au clavier, avec des touches éthérées et des claviers brillants, qui contraste quelque peu avec le duo basse-batterie que l’on retrouve au début du morceau. Une composition à la fois entrainante et mélancolique, qu’on reconnaît dans tant de morceaux de Lewis OfMan (“Je pense à toi”, “Yes”, “Flash”, “Plaisir” et “Tes Yeux”).


C’est également le moment où l'artiste apparaît, le temps de quelques secondes, lui qui est d’habitude présent tout au long de tous ses clips.


Qui est Lewis OfMan ? Rétrospective imagée


"Flash" (janvier 2018)


Réalisé par Alice Kong, réalisatrice des excellents clips de “Les Filles Désir” de Vendredi Sur Mer, “Pointless” de Dune x Crayon (ft Ichon) ou encore “Le Temps Est Bon” de Bon Entendeur, pour n’en citer que trois, le clip de “Flash” (2018) est sûrement l’un des plus populaires de Lewis OfMan.


Guidé par une courte vidéo expliquant le concept de la vidéo (traduction : "ça parle de terrorisme, ce sont des patrons d’une discothèque qui s’entretuent, mais avec de l’amour"), le clip incorpore des éléments et fait des associations visuelles, qui permettent au spectateur de sa propre interprétation. On retrouve ici la marque de fabrique d’Alice Kong, des clips poétiques et énigmatiques, qui jouent avec les sensations. Les couleurs sont omniprésentes (stylisme par Louise Follain), ainsi que les textures : à 0:56, une caresse d’une plante carnivore, à 2:51 : un baiser langoureux et gluant.


La sensation de chaos ou de malaise se ressent également aux travers d’objets : des coupes de champagnes qu’on brise dès le début du clip, des crayons qui viennent perforer une surface à 0:35, l’effondrement d’une construction en Kaplas à 1:41, ou encore des verres percés à 0:53 ou qui débordent à 2:49.


L’urgence du morceau, quant à elle, se confond entre divertissement (à travers la danse) ou peur (fuite des chiens, zooms sur des éléments, des visage). Si bien qu’on ne sait plus sur qu’elle pied danser avec "Flash". La violence est elle aussi suggérée quand à 1:13 les protagonistes se renvoie la balle tandis que leurs mains forment un coeur, ou au contraire montrée quand à 0:44 le “monstre” pointe son arme.


Alice Kong, à travers ce clip, sublime le morceau de Lewis OfMan, en lui donnant une multitude d’interprétations et en associant des images aux différents sons que l’on retrouve dans le morceau : coupes de champagne qui claquent sur un kick, des crayons qui perforent la surface ou la balle entre les mains, en accompagnement du martèlement de la batterie, ou encore un sifflet à 1:14.



"Un Amour au Super U" ft. Milena Leblanc (mars 2017)


Porté à l’écran par Benjamin Carrion (RAW4), le clip de “Un Amour au Super U” (extrait de lEP Yo Bene) conte la transformation d’une banale et ennuyeuse course au supermarché en une rencontre amoureuse rêvée.


Alors que, sur les synthétiseurs vaporeux de Lewis OfMan, Milena Leblanc pose une voix douce et enivrante, les collages et animations de l’équipe réalisation (Laure Djafer & Lucien Oriol notamment) nous transportent dans un univers magique. Les spectateurs se laissent aussi bien bercer par cette prod romantique, quelque peu mélancolique, que par ces images aussi loufoques que poétiques.



"Plaisir" (août 2016)


Réalisé par Théophile Boutin (CactusClub), également réalisateur des clips de Jacques, Teeers, ThérapieTaxi et Papooz, "Plaisir" est un des tout premiers clips venus accompagner l’EP Yo bene.


Un clip d’été, poétique et chaleureux, où Théophile Boutin suit la course de Lewis OfMan qui a métamorphosé un coffre de voiture en scène nomade. Entouré de ballons multicolors, au fil du morceau, ceux-ci s’envolent. Un morceau empli de good vibes, de bonheur et qui donne des envies de vacances. Il met alors en musique et en images la sensation de plaisir, qui apparaît comme un moment calme et heureux, mais aussi éphémère que le morceau, qui s'arrête brutalement, dans un soupir.


Par Prisci Adam et Laura Gervois

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