Y a des jours et des soirs comme ça, on découvre une pépite musicale qui arrive au bon moment dans nos vies. Qu’on prend avec nous pour deux jours, un mois, une saison, qu’on fait tourner en boucle et qui accompagnera nos péripéties. "Petite fleur", de Néon, étonnamment, en fait partie. Une nouvelle obsession, bienvenue dans nos écouteurs, qui permet une évasion express dans un monde plus léger.
Ce morceau a quelque chose de génial : il offre la possibilité de parler également d’une poignée d’artistes plus incroyables les uns que les autres, tant il est riche de similitudes plus ou moins voulues.
Après une intro innocente et enfantine, c’est par l’instru electro-pop-rap qu’on se laisse happer. Une instru qui vous fera d’abord dodeliner puis entrainera votre corps dans un mouvement de balancier enivrant, une invitation à se laisser aller dans une « transe » douce et bienveillante. On y trouve même un peu de Conjur1ng ("Torse Nu"), un artiste décalé dans la même veine que Leo Roi, Miel de Montagne ou Spider Zed : paroles subtilement absurdes et instru minimalistes entêtantes.
Les trois rappeurs déroulent un flow découpé à la perfection et déclamé avec sincérité. Les voix graves et posées se mélangent. Sans voir le clip, on discerne à peine qu’ils sont trois. L’ambiance et le ton du morceau nous ont aussi rappelé Moussa, artiste émergent de la scène rap française, qu’on a adoré sur "Double Vue" ou "Cabrioli". Artiste qui a la particularité d’innover avec des productions riches et bien pensées, à la vibe hip-hop, comme sur son morceau "Lou Ferrigno".
Les textes sont sublimement écrits et sincères, à la manière de ses mentors, que sont Odezenne, un groupe qu’on idolâtre (carrément ? Ouais) et qu’on croit entendre sur quelques intonations de "Petite Fleur". Odezenne, une poésie un peu Houellebecquienne, qui décortique leur réalité avec un recherche de sonorités et de mélodies divin. On recommande à ce propos leur dernier album, composé avec des instruments plus ou moins anciens, parvenus des quatre coins du Globe.
Habile sur l’écriture, le morceau est subtilement parsemé de phrases à double-lecture, de montées métaphoriques et de belles images qui nous ont parlé. Le clip donne une deuxième lecture à la chanson, un nouveau chef-d’œuvre sur un chef d’œuvre, réalisé par Bleu Désert. Le jeune collectif de vidéastes donne un côté plus angoissant à ce morceau léger, dont l’actrice principale prend possession, elle-même possédée. Un court thriller psychologique dans un club, où l'on reste simple observateur, plein de questions.
Ça nous a, enfin, rappelé Corps, dans l’énergie spastique du morceau "Tordu". Un duo dont on avait adoré le clip de "A corps", dans lequel la sexualité est à la fois ostentatoire et suggérée.
Le premier album de Neon, Fluo, est sorti le 26 avril dernier. Tendez l’oreille !
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