Elle a sorti le 9 septembre dernier son premier EP Naïve, Pauline Rambeau de Baranlon se fait aujourd'hui sa place et s'impose comme une des figures montantes de la chanson française. Après l'avoir découvert avec les titres "Océan Forever" et "La Chanson du Bal", celle dont on écorche souvent le nom de scène sort son premier projet, guidé par Tristan Salvati. Rencontre avec une artiste loin d'avoir dit son dernier mot, et qui au contraire met un point d'honneur à exprimer toutes ses émotions dans sa musique.

(c) Marie Stéphane Imbert
Hello Pauline, comment te sens-tu à l’aube de la naissance de ce premier EP ? Naïve, est ce que c’est un adjectif qui pourrait te décrire ?
Salut Tourtoisie ! C’est une joie immense, la future sortie de cet E.P. C’est beaucoup beaucoup de travail, de cœur, et des chansons qui peuvent enfin se partager et j'en suis très émue. Je crois que « Naïve » n’est pas du tout un adjectif qui pourrait me décrire, j’ai plutôt une tendance à être très consciente des choses, tout en détestant l’ironie ou la distance. Je suis plutôt sur un ring sentimental ! En revanche, je suis très heureuse que mon chemin ait croisé celui du label « Naïve » qui accueille des artistes de chanson que j’ai toujours admirés.
Le cinéma, le théâtre, puis la musique, y a-t-il un prochain domaine artistique auquel tu aimerais te confronter ?
J’essaye de ne pas faire une collection de savoirs ! Sinon, ça devient un peu agaçant. Mais si je dois répondre le plus sincèrement, ce serait la peinture, et précisément la peinture à l’huile. Celle où il faut parfois attendre des jours entre chaque touche, prendre un mois entier à voir se créer sous les doigts quelque chose. Je crois que ça doit être une sensation magique.
Si on ne devait écouter qu’un seul titre sur cet EP... Y a-t-il un titre dont tu es particulièrement fière et pourquoi ?
C’est difficile de choisir un seul titre, parce qu’ils sont tous le reflet de l’un ou de l’autre. Il y en a qui sont le jour de l’un et d’autres la nuit d’un autre. Je parlerai juste de la chanson « Le beau mois d’août ». Je suis fière de cette chanson, car je suis allée à un endroit de production musicale plus radical. Je voulais vraiment qu’on ferme les yeux pendant cette chanson et qu’on attende juste de voir ce que ça fait.
« Je ne veux plus vivre à Paris, il y fait froid, il y fait gris » chantes-tu dans "Ocean Forever", Paris n’est donc pas une ville dans laquelle tu te vois vivre ? Où aimerais-tu habiter ?
Ha Paris, longue histoire. Je pense que j’ai le parcours de grand nombre de gens, qui sont arrivés pour les études à Paris. Et cela fait maintenant très longtemps que j’y suis. Je ne sais pas si je ne m’y vois plus jamais y vivre mais je crois que je n’aime plus cette idée de capitale. « Tout se passe là »... C’est n’importe quoi. Je crois que le voyage serait la manière la plus sincère de vivre, traverser un endroit et un autre, c’est un peu ce qu’on fait dans la vie. Alors je ne sais pas où j’aimerais habiter, mais j’aimerais beaucoup partir à l’aventure.
Raconte-nous ta rencontre avec Tristan Salvati. Comment était-ce de travailler avec lui ?
Tristan, c’est une rencontre. Il est venu me voir à un concert à Paris puis nous avons fait une journée de musique ensemble et il y a eu un vrai truc. On faisait bien de la musique ensemble. J’avais envie de faire ce disque avec une personne, qui s’embarque avec moi. Alors on s’est enfermés pendant presque deux mois dans son studio et on a rejoué tous les instruments. On a tout joué à deux. C’était un moment très fort.
Si tu devais citer trois artistes avec lesquels tu aimerais collaborer dans le futur ?
C’est toujours une vaste question ! Mais je dirais, un duo avec King Krule parce que je suis une fan ultime de son travail. J’aimerais beaucoup travailler un jour avec Kate Bush, la rencontrer un jour dans la rue et faire de la musique avec elle. Et je crois que si un jour, je fais une chanson acoustique avec Taylor the Creator, et bien ça serait une très bonne journée !
Pour parler de ta musique, on fait souvent référence à Catherine Ringer, Léo Ferré ou encore Brigitte Fontaine, et si tu devais citer des inspirations ailleurs que dans la chanson française, de qui nous parlerais-tu ?
C’est difficile de répondre à cette question car j’écoute beaucoup de musiques différentes mais je dirais les vieux bluesmen ou blueswomen. Ils me sauvent la vie. Mississippi John Hurt, Elisabeth Cotten, Ella Jenkins, Cesaria Evora a changé ma vie... Et toutes les chanteuses de Fado. Ensuite, la musique de club : Casual Gabberz, M.I.A et, Moondog, pour l’écouter très fort.
Tu vas te produire sur scène le 16 septembre prochain, dans le cadre du Printemps iNOUïS. Comment as-tu pris la nouvelle de la mise en place de ce Printemps spécial, réservé aux artistes iNOUïS de la sélection ?
Le Printemps de Bourges a décidé d’accompagner les artistes iNOUïS jusqu’au bout et vraiment, je les remercie pour cela. C’est très précieux. La scène musicale souffre beaucoup depuis cette épidémie, et les jeunes artistes, je n’en parle même pas. C’est surtout par la scène que les nouveaux artistes peuvent se faire entendre et sentir. Alors cette initiative de la part du Printemps est très importante.
Si tu devais nous donner quelques conseils pour affronter cette rentrée qui s’annonce un peu particulière pour la filière musicale, lesquels seraient-ils ?
Il va falloir être rusés et inventifs. On ne sait pas pour combien de temps il y en a de cette saleté. Alors, on ne peut pas attendre pour que l’Art retrouve sa place, pour que la scène brûle à nouveau. Il faut réfléchir à des formes différentes, mais surtout ne pas attendre, ne pas se morfondre. Il faut faire des actes magiques, danser tous les matins, faire de la musique dehors, il faut crier qu’on ne s’arrêtera pas, que ça chantera toujours.
Merci Pauline d’avoir répondu à nos questions, on se dit à très vite !
A très vite !
Propos recueillis par Apolline Pournin