Aujourd’hui sort l’EP FIRE DIVINE de NUIT OCEAN que nous attendions avec impatience depuis cet été. L’opus tient ses promesses avec 7 morceaux de pop synthétique tous aussi touchants les uns que les autres. C’est une plongée dans un univers intense et fragile.
Ce sont donc 7 titres qui composent cet EP d’une tendresse infinie aux contours épurés. La fragilité de l’artiste incarne chaque note et s’accentue à l’écoute des paroles, toutes empreintes d’une grande mélancolie. Cette sensibilité qui l’anime est un vecteur de créativité, elle le pousse à composer et à faire de l’énergie qui brûle en lui, « ce feu divin », une matrice pour enrichir son art. Personnellement et artistiquement, NUIT OCEAN va à l’essentiel, non pas par économie de l’effort mais en réaction à un voyage en Inde pendant lequel il a été confronté à la « dureté et la beauté ». Le voyage est central dans sa vie, avec un père zaïrois et une mère d’origine algérienne.

FIRE DIVINE est le fruit d’une approche multi-artistique qui s’enrichit de la musique, la vidéo et la photo. Cela permet à NUIT OCEAN de présenter une vision globale de son art en exploitant toutes les richesses de ces disciplines sans jamais être bridé dans sa créativité. A l’écoute de son EP on sent aisément que l’univers de l’artiste est dense et riche de ses observations. Il s’inspire en contemplant des images, en visionnant des films et des séries, autant de matière qu’il retranscrit ensuite dans son propre langage.
Le clip du morceau "Fire Divine" illustre à merveille l'attrait de l'artiste pour les symboles. On y retrouve multiples textures et contrastes qui lui permettent de mettre en vidéo sa quête d'humanité au coeur d'une ère dystopique et digitale. En se réappropriant les codes de celle-ci, il fait passer le message sartrien que tout est affaire de choix et que nous sommes nos propres maîtres. Ces outils technologiques qui sont parfois effrayant sont l'emblème d'un monde qui nous glisse entre les doigts mais dans lequel la beauté est bel et bien présente pour qui veut la voir, ou la créer...
La beauté de cet opus réside également dans son éclectisme. Malgré une apparente homogénéité dans l’ambiance dream pop synthétique influencée par James Blake et Sade, les morceaux ont chacun leur identité sonore propre. C’est ainsi que nous passons de l’élégant minimalisme de "WOUNDS" sorti en juillet dernier, au rnb sensuelle de "Too Late" avant de terminer l’EP avec le magistral a-capella "Through my Eyes", autotuné avec finesse. Et quelle expérience que de voir à travers les yeux de Steve Mesmin, c’est une aventure dans le paradoxe de l’infiniment intime.
Agathe Pinet