Duo originaire de Nice, Moïse Turizer est un groupe explosif difficile à définir. Un produit de pop-bonbon colorée pour petits et grands ? Pas du tout. Un groupe de rock old-school qui vous rappellera les soirées d'antan ? Pas vraiment. Deux potes qui font la musique qui leur plaît, avec une énergie follement contagieuse ? Très clairement. Un projet aux influences multiples à voir en live absolument ? Ça c’est sûr.

Moïse Turizer, c’est un duo. Mais quels sont les chemins individuels qui ont mené à la création du groupe ?
Antoine : On se connait vraiment bien parce que ça fait maintenant plus de dix ans qu’on joue tous les deux dans le groupe ALPES. Au sein du groupe, on faisait déjà des DJ sets en binôme. Je composais à côté et dès qu’il y a eu assez de morceaux sur l’ordinateur pour faire un vrai EP, on s’est lancé !
Charles : Moi, je ne suis pas vraiment composition. Ce qui me plaît, c’est de jouer de la musique. Donc une fois qu’on a eu les morceaux, il fallait que l’on trouve une manière de leur rendre justice en live. Mais au moment de commencer à répéter, j’ai cassé ma guitare ! Donc on a pris un virage plus électronique avec une basse sur scène.
Votre EP Modern Light, sorti au début de cette année, a donc été composé pendant le confinement. Est-ce que vous pouvez me raconter la création du projet ?
Antoine : Cet EP a vraiment été réalisé avec des bouts de ficelles. A l’annonce du confinement, je suis allé chez mes parents, et je n’avais qu’un ordinateur sans instruments et sans matos. On avait déjà quelques idées, ou au moins des squelettes pour certains morceaux mais rien de très concret. J’ai commandé une guitare et une carte-son premiers prix sur Internet et c’est comme ça que le projet est né.
C’est aussi le résultat d’un conflit interne entre ce moment confiné sans vie, et les instants d’avant où on se disait que les morceaux fracassent et donnent envie de sauter dans tous les sens. Certains morceaux comme “Modern Light” ou “Who Knows” sont vraiment faits pour ça, alors qu’un titre comme “Nightfall” est vraiment hyper calme.
Charles : Et c’est la première fois qu’on sort quelque chose comme ça ! Mais il y a toujours un aspect quand Antoine compose, c’est qu’il réfléchit à comment les morceaux vont sonner sur scène. Le show est déjà complètement présent et intégré au moment de la composition.
Contrairement à votre premier EP, on ressent une vraie cohérence entre tous les morceaux du projet Modern Light. Est-ce que la création des morceaux à été faite avec un grand thème commun en tête ?
Antoine : Effectivement, notre premier EP s’apparente plutôt à un maxi. Ce sont des morceaux qu’on a sortis au compte-gouttes sans réfléchir au lien qu’ils pourraient avoir entre eux, et sans idée pour les lier. Sur Modern Light, tous les morceaux ont été composés en un mois, sur des bases qu’on avait déjà mais dans une même lignée.
Charles : Et comme il avait une guitare avec lui pendant la composition, j’ai dû réparer la mienne pour pouvoir les jouer (rires) ! Dans le clip de "Modern Light", je mime les accords avec la gratte que je venais de recoller.
Dans vos créations, qu’elles soient purement musicales, visuelles dans vos clips ou encore en live sur scène, de qui/quoi vous inspirez-vous ?
Antoine : Pour le côté musical, c’est vraiment principalement Suicide et les autres projets d’Alan Vega. J’ai découvert ça à l’adolescence, ça m’a vraiment donné envie et ça ne s’est pas arrêté depuis. Et puis, visuellement et musicalement, j’ai vraiment été influencé par les jeux vidéos.
Charles : Je pense pas qu’on soit vraiment influencé par des artistes précis mais plutôt par une ambiance, une époque. C’est vraiment les années 1990-2000 qui nous inspirent. Par exemple, pour les clips et visuels, j’ai chopé une caméra mini-dv, VHS et on a beaucoup aimé utiliser des matériaux qu’on utilisait quand on était petits. Hors musique, c’est la même chose. Dans notre dernier clip, c’est simplement des images d’archives que j’ai texturées et il y a vraiment de tout : Ghostbusters, Terminator, du Dario Argento…
Et les jeux vidéos c’est pareil ! Finalement notre projet c’est un mix entre WipeOut et Tony Hawk Pro Skater 3 (rires).
En écoutant votre musique, on a vraiment envie de venir vous voir en live. A ce sujet, comment avez-vous vécu l’arrêt mais surtout la reprise des concerts cet été ?
Charles : Étonnamment l’arrêt s’est plutôt bien passé ! On jouait vraiment tout le temps, mais sans savoir où on allait, on ne savait pas si on voulait sortir un projet ou pas … L’arrêt nous a permis de temporiser et de réfléchir un peu. Mais c’est le live qui a créé le groupe et on a vraiment adoré reprendre la tournée cet été !
Antoine : Et c’était vraiment sympa de reprendre dans ces conditions en festival !
On voit plein d’étiquettes différentes posées sur Moïse Turizer : Cold Wave, Synthpunk… Mais comment définiriez-vous votre projet ?
Antoine : C’est assez compliqué de réellement donner un style à ce qu’on fait. Effectivement l’EP Modern Light est plutôt teinté cold-wave, mais notre 1er maxi était carrément garage et le prochain sera plutôt électro, breakbeat. Je ne pourrais jamais créer quelque chose de très précis parce que j’ai beaucoup trop d’influences qui me font kiffer !
Charles : Et malgré tout je trouve qu’on arrive à faire quelque chose qui nous ressemble à chaque fois, quand on nous entends on reconnaît Moïse Turizer !
Vous avez une manière assez spécifique de fonctionner, parce que Antoine, tu composes, et toi Charles, tu es surtout dans l’interprétation. Vous pourriez m’en dire un peu plus ?
Charles : C’est super agréable comme manière de faire. Dans un groupe il y a toujours des égos et en marchant comme ça on évite tout problème. C’est surtout super naturel et ça s’est installé comme ça sans réfléchir. Je suis très client de ce que fait Antoine et c’est toujours un plaisir d’échanger avec lui pendant la composition et de jouer les morceaux sur scène !
Antoine : Si le moment est propice on peut tout à fait composer ensemble, mais c’est une manière reposante de travailler pour nous.
Quels sont vos projets pour la suite ? Un EP en préparation ?
Charles : Exactement, on peut pas t’en dire beaucoup plus parce qu’on est en train de tout mettre en place mais normalement courant avril 2022 !
Antoine : C’est en train de se faire très sérieusement. J’ai bossé sur 3 ou 4 morceaux avec Ouai Stéphane qui seront dedans. Il y a quelque chose qui se prépare !
Vous serez à la soirée Fêlée #3 de Tourtoisie ce samedi 5 novembre, on a hâte de vous y voir !
Charles : Nous aussi ! La programmation est super et on a vraiment envie de venir jouer au Hasard Ludique avec vous.
Antoine : On est hyper chaud, merci pour l’invitation !
Propos recueillis par Nathanaël MIRIC