L'édition 2020 n'ayant pas pu avoir lieu, on était ravis de fêter les retrouvailles cette année avec le MaMA Festival & Convention. L'Elysée Montmartre, la Boule Noire, la Cigale, la Machine du Moulin Rouge... Du 13 au 15 octobre, des concerts et des conventions se sont déroulés dans les différentes salles de concert autour du quartier de Pigalle, célébrant ainsi la plus grande réunion des professionnels de la filière musicale en France. On en a profité pour aller à la rencontre des artistes, et c'est dans ce cadre qu'on a interviewé Mr Giscard. Marqué par une certaine nonchalance, on a parlé flemme, phô et clips faits maison avec l'artiste.

Peux-tu te présenter en quelques mots pour les lecteurs de Tourtoisie qui ne te connaîtraient pas ?
Je m’appelle Mr Giscard et je fais de la musique tout simplement.
"Pop sucrée" pour certains, "musique de chambre adaptée à son époque" pour d'autres, comment toi tu décrirais ton style musical ?
Je fais de la pop, je fais de la musique de Soundclound, c'est comme ça que je décrirais ma musique.
Qu'est ce que ça fait de jouer au MaMA Festival ?
J’ai encore jamais fait de concerts, mais pour le moment je ne suis pas stressé, peut-être que ça viendra... Moi j’allais en boite dans ce quartier, du coup l’Elysée-Montmartre c’était un des premiers lieux où j’ai fait des soirées électro. Mais le MaMA Festival, je dois admettre que je ne connaissais pas du tout !
Tu as sorti ton premier EP en mai, comment te sens-tu après cette première sortie ?
Maintenant je me mets pas mal la pression pour réussir à faire des sons aussi bien… c’est compliqué, parce que maintenant je sais qu’on va m‘écouter. Il y a des gens qui sortent des trucs, et il n’y a pas d'attente derrière, donc pas de pression. Mais c’est cool, c’est des problèmes de chanceux.
Peux-tu m'en dire plus sur ton processus de création ? Quelles sont les étapes de l'écriture ?
J’organise très mal mon temps, je fais tout, tout seul chez moi. J’aime pas trop le studio parce qu’il y a un truc de temps limité. Du coup je m’organise mal hein… (rires) Je commence, puis je regarde des vidéos Youtube, Instagram… Je m’y remets, je trouve que c’est de la merde, je vais me coucher... Ce n’est même pas des pauses “utiles”, puisque je pense que quand tu vas te cacher derrière ton téléphone, c’est juste que tu flippes, je pense que si je n’avais pas peur et que je ne me mettais pas la pression, je serais beaucoup plus productif. Mais je pense que c’est le cas pour tout le monde en fait… Tous les flemmards, c’est juste des anxieux en fait, la flemme c’est un truc d’anxieux.
Tu citais notamment Hamza ou Gainsbourg comme source d'inspirations musicales, est ce que tu peux m'en citer d'autres ? Est ce que tu t'inspires dans d'autres domaines, comme le cinéma ou la littérature ?
Moi c’est tout soundcloud, la scène française mais aussi la scène US. Il y aussi tout le délire de la scène électro française des années 2010, tout le headbanger tu vois. Et après le reste du monde, mais ça dépend… Tu vois la je viens de faire un son, on dirait du Strokes tu vois. Il y a des trucs qui sont très éclectiques.
Ce que les médias soulignent souvent dans ta musique, c'est le contraste qui existe entre la douceur de tes prods face à tes paroles qui sont souvent crues, brutes. Comment expliques-tu cette dualité ? Est ce que c'est un parti pris ou est ce que c'est finalement assez naturel ?
Je commence déjà par composer la musique, les textes ce n’est pas forcément un truc sur lequel je m’attarde, même si je le fais de plus en plus.. Surtout qu’on n'écoute pas les paroles à la première écoute. En fait je suis étonné, enfin je l’étais surtout au début, je suis étonné qu’on trouve ça subversif ce que je dis. D’autant plus que moi je n’écoute pas de pop, j’écoute surtout du rap, et si demain je fais un Planète Rap, on va me prendre pour une baltringue tu vois. Moi je ne suis pas trash, je suis premier degré à la limite, les gens sont choqués je pense car ils n’ont pas l’habitude de ça dans la pop.
Est ce que tu peux m'en dire un peu plus concernant la DA des clips de "Pho" puis de "H&M" avec Rod Paradot et Jade Legrand, comment est venue l'idée de se faire suivre chronologiquement les épisodes de cette histoire d'amour ? Était-ce prévu depuis le début ?
Ce n’était pas un choix dès le départ de les faire se suivre. Le premier clip, je voulais qu’un seul réalisateur, et il était trop chaud, tout était aligné. Je suis super impliqué dans l’écriture. Après, avec des réalisateurs comme Thibault Dumoulin, je suis en mode les yeux fermés. Je suis impliqué sur la production, les financements, les budgets… Sur le clip de H&M, c’est moi qui ai fait toute la note, et comme je ne connaissais pas d’autres acteurs et que maintenant on est devenus potes, j’ai recontacté Rod et Jade. Et c’était trop cool, de tourner avec des potes.
Peux-tu nous parler de tes projets à venir ? De la suite ?
Mon projet c’est de quitter mon boulot et me mettre 100% dans la musique. On va rajouter quelques heures de sommeil (rires). Et sortir des clips jusqu’à l’album, et ça, ça va être le gros morceau !
Chez Tourtoisie, on met en avant les artistes émergents de la scène française, est ce qu'il y a un artiste/un groupe à qui tu aimerais donner de la force ? Qui mérite meilleure exposition ?
Il y a en un qui en a de plus en plus et que je trouve très fort, c’est Moussa. Moussa c’est un génie et il faudrait plus d’artistes comme ça, et il mérite !
Par Apolline Pournin