"Trio à la pop wave rétro-futuriste quelque peu dystopique". Voici comment nous pourrions décrire L'An2000. Avec des sonorités torturées, des mélodies synthétiques intenses et cette mélancolie mi-douce, mi-amère, l'univers musical du groupe nous fait l'effet d'un voyage dans le temps. À l'occasion de la Félée #2 by Tourtoisie Music, notre soirée spéciale rock, découvrez un groupe à la croisée des genres musicaux.
Et si vous commenciez par vous présenter et raconter l'histoire de votre groupe ? Comment est né L’An2000 ?
L’An2000 est un groupe composé de trois potes de longue date, Wandy, Tom et Benoît, musiciens autodidactes, portés sur la recherche sonore, les émotions et les bidouilles synthétiques plutôt que sur la rigueur du solfège ! On s’est connus au collège, aux Sables d’Olonne et on a toujours fait de la musique ensemble. Comme pas mal de types de notre âge, on a commencé par faire du punk rock sous diverses formations. Puis, lorsque l’on est arrivé les uns après les autres sur Paris, on a décidé de repartir à zéro et d’aller vers un style qui nous parlait davantage et qui faisait appel à plus de créativité.

La musique de l’An2000, c’est une “véritable bande-son du bug de l'an 2000 fantasmé au beau milieu des 80's”. D’où vient cette fascination pour les années 80, et cette envie d'allier le présent au passé ?
Nos inspirations sont très variées et viennent de tous les recoins culturels, aussi bien des milieux indés que mainstream. On est assez fascinés par les années 80, sûrement parce qu’on les a un peu connu ! Quand on se remémore nos plus lointains souvenirs musicaux, on se rappelle de nos parents qui écoutaient Blondie, The Cure, Daho, Balavoine… les sonorités synthétiques de l’époque nous ont impacté de manière plus ou moins consciente. Mais au-delà de ça, c’est une esthétique générale qui nous plaît dans cette décennie qui a été une véritable révolution dans tous les domaines artistiques. On était amusés par l’image que les gens des décennies précédentes se faisaient du futur et l’idéalisation de ce que serait l’année 2000. L’idée était de construire notre identité sonore et visuelle autour de tout ça, de penser nos mélodies comme si elles illustraient un vieux film d’anticipation. Aujourd’hui, on garde cette ligne directrice mais on cherche à la doser un peu plus subtilement, de façon à rendre tout ça un peu plus ancré dans notre monde actuel.
En 2019, vous avez assuré la première partie de Grand Blanc au Réacteur (Issy-les-Moulineaux). Vous êtes également passés sur la scène de salles parisiennes rock incontournables, comme le SuperSonic et le Bus Palladium, et de festivals comme le Freaks Pop Festival (festival de rock garage, pop psyché et électro). Où se situe l’An2000 au sein de la scène rock / new wave actuelle ?
La description de la question peut résumer assez bien sur quelle scène le groupe évolue. C’est très difficile de nous situer car notre musique est au croisement des styles énumérés. On a été invités à jouer sur des plateaux post-punk avec des groupes aux ambiances très sombres, surtout à l’étranger. Ça nous surprend toujours de rencontrer ces groupes et publics limite gothiques ! Mais cela se passe toujours super bien et on tombe à chaque fois sur des gens très ouverts d’esprit. En France, on joue également sur des scènes plus pop aux tons plus légers. On se sent appartenir à plusieurs familles qui découlent du rock sans trop se positionner sur une scène en particulier. Notre style musical est en perpétuelle évolution ; on peut se revendiquer tant de la new wave que de la pop française.

Quelle est la place de L’An2000 dans la programmation de la soirée rock Fêlée #2 by Tourtoisie Music, au sein de laquelle on retrouve le synth-punk de ModernMen, le rock garage de Bisou de saddam, le psychédélique folk de Whyte Sands et enfin le métal blues rock de Last Quarter ?
L’An2000 est sûrement un mélange de tout ça ! L’énergie punk, les morceaux progressifs qui amènent à des passages psychédéliques… ce sont vraiment des éléments qui peuvent qualifier nos concerts ! On ne doute pas qu’on trouvera notre place au sein de cette très chouette programmation.
Vous êtes actuellement en pleine composition d’un premier album, à paraître dans le courant de l’année 2020. En plus d’être le premier, cet opus représente également un tournant dans l’histoire de L’An2000. Après quelques années à chanter majoritairement en anglais, vous avez en effet décidé de sortir ce projet entièrement en français. Pourquoi ce choix ?
C’est un choix qui s’est fait naturellement. On aime les sonorités de la langue anglaise, c’était aussi une continuité de nos habitudes d’écriture d’avant l’An2000 et beaucoup de nos inspirations étaient anglophones. Sur le second EP, on a sorti un titre qui s’appelle "Je te fuis". C’était la première fois qu’on écrivait en français et on a adoré ce changement dans l’écriture d’un morceau. Beaucoup d’artistes francophones se sont jetés à l’eau avant nous. On joue principalement en France et chanter dans notre langue, ça casse les barrières avec le public. On se sent plus libre également d’écrire dans la langue maternelle. C’est un peu cliché de le dire, mais on se met à nu. Ce choix rejoint celui de ne plus s’enfermer derrière un concept et de maintenant proposer une musique plus directe, plus authentique et qui fait sens.
Que représente ce changement pour le registre musical du groupe ? Comptez-vous toujours défendre une “pop froide et dansante aux textes souvent amers” et conserver cette ambiance rétro-futuriste nostalgique ?
Le fait d’écrire en français influence forcément la façon de composer et de penser l’instrumentation. Les intonations ne sont pas les mêmes, les mélodies non plus, et la manière dont on compose la musique en est changée. Le chant ne vient plus se placer en dernière étape comme on le faisait jusque-là mais fait partie du processus de composition dès les premières bribes d’un nouveau morceau. C’est devenu d'avantage important pour nous depuis qu’on pense les titres en français, que la voix trouve réellement sa place et qu’elle soit portée par les instrus, plutôt que l’inverse. Nos influences et nos envies évoluent continuellement mais cette pâte qui fait l’identité sonore du groupe reste bien là. Mais rien n’est figé. On apprend avec le temps, on s’inspire, et le regard porté sur notre musique évolue en même temps que nous.
Pouvez-vous m’en dire plus sur le processus de création de cet opus, notamment sur le rôle de chacun d’entre vous dans la composition des morceaux et l'écriture des textes ?
Pour les deux premiers EP, on composait beaucoup en répétition tous les trois. On faisait tourner des idées, puis on les étoffait ensemble, sur nos ordinateurs, et Wandy écrivait les textes avant d’entrer en studio. On continue d'exploiter ce processus, mais on a également pris goût à développer des idées chacun de notre côté. Depuis les premiers enregistrements où tout prenait forme en studio, on a acquis des nouveaux synthés analogiques et notre propre matériel d’enregistrement. Nos maquettes s’en trouvent beaucoup plus abouties car on souhaite faire les choses au maximum par nous-mêmes avant de rencontrer tel ou tel réalisateur.

Le clip de “The Light”, réalisé par Benoît, le batteur du groupe, sorti en juin dernier, met en images un morceau qui date de 2016. Est-ce une manière pour vous de tirer un trait sur votre passé musical, ou bien, au contraire, de dévoiler un premier aperçu de ce qu’attendent les fans ?
Le processus créatif des clips est quelque chose à part entière. On ne voulait pas sortir un clip juste pour sortir un clip, mais parce que l’idée est venue à ce moment-là. Ce moment qui correspond en effet au début de notre phase de composition pour le futur opus.
Avant de se dire au revoir, qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ?
De continuer à prendre autant de plaisir à faire ce qu’on fait et à concrétiser tout ceci par de belles dates pour aller à la rencontre du plus grand nombre à travers la France et l’Europe !
Ne manquez surtout pas le passage de l'An2000 sur la scène de l'Espace B, le 31 Janvier prochain, dans le cadre de la soirée Félée #2 by Tourtoisie Music.
Propos recueillis par Laura Gervois.