Après « Personal Jesus », les Nantais KO KO MO dévoilent une nouvelle cover pour le moins inattendue : celle du tube disco « Last Night a DJ Saved My Life ». La recette reste la même depuis leurs débuts : un garage rock puissant teinté de sonorités des vénérées 70’s. Retour au live, rock français et authenticité : entretien avec Warren, guitariste et chanteur du groupe.

Salut Warren. Pour commencer, peux-tu nous raconter la genèse de KO KO MO ? Comment s’est passé ta rencontre avec K20 (batteur du groupe, ndlr) ?
Tout ça s’est fait il y a presque 7 ans maintenant. On s’est rencontrés dans un autre projet de Saint-Nazaire dans lequel on avait été appelé tous les deux. On n’était pas leaders, on ne se connaissait pas du tout, mais on a tout de suite matché. Pendant les pauses, on reprenait les instrus seulement à deux, jusqu’à ce qu’on se dise que ça serait bien de former un truc, pour rigoler. On en est là maintenant. (rires)
C’était donc une vraie volonté de se tourner vers le duo ? Vous ne vouliez pas de bassiste par exemple ?
Ça ne s’est pas trop calculé à vrai dire. On a essayé d’amener un troisième larron, mais on a vite compris que c’était vraiment le duo qui faisait l’équilibre du projet. Ça nous offrait surtout une liberté à laquelle on a goûté dès le début. Au départ, on nous demandait de jouer des sets de 2 heures alors qu’on n’avait pas encore le répertoire pour. Forcément, on s’est mis à beaucoup improviser, ce qui est beaucoup plus simple en duo puisque tu peux aller vraiment où tu veux, chose qui est moins évidente quand tu as une section derrière. Même aujourd’hui, on essaie de garder ça au maximum.
Justement, l’impro c’est une des bases du rock et on sent que vous vous inspirez de ces racines pour votre musique. On vous compare souvent à des vieux groupes d’ailleurs, Led Zeppelin en tête. Est-ce qu’il y a une volonté de rendre hommage ?
La comparaison n’est pas désagréable (rires). Mais ouais, carrément. On essaie de faire en sorte que notre musique parle à plein de gens. Finalement, à nos concerts, tout le monde s’y retrouve. C’est plutôt un retour au live, en fait. Revenir à des concerts moins calibrés, c’est vraiment ce qui nous stimule depuis le début. On est gavé de shows ultra millimétrés, c’est dommage. Les gens sont touchés quand un artiste vient faire un spectacle unique, pas la même chose qu’il fait à chaque fois. Alors ouais, ça commence à être un peu « ancien ». Mais on a énormément d’influences avec K20. On n’essaie pas d’être un groupe uniquement rétro.
Comme tu l’as dit, les concerts sont une part intégrante de l’identité de KO KO MO et de la culture rock en général. Peux-tu nous parler de votre rapport à la scène ?
C’est carrément la raison d’être principale du groupe. On a eu la chance de rencontrer notre label au début du projet et très vite, on a eu énormément de concerts. On a eu seulement un mois de pause en six ans, à 90 dates par an. C’est quelque chose qui nous stimule énormément. C’est notre raison de vivre.
Assez compliqué en ce moment du coup…
C’est triste, ouais, mais on essaie de ne pas perdre espoir. On est beaucoup à être devenus des groupes studios en ce moment (rires). Ça permet de continuer à avancer, de faire des choses, de créer.
Un commentaire revient souvent sous vos vidéos : « Enfin des Français qui savent faire du rock ». Que penses-tu de ce cliché sur les groupes français ?
C’est très mignon de leur part mais c’est faux. On croise énormément de groupes talentueux qui méritent d’être plus connus. Il faut juste organiser plus de concerts et que les gens aillent les voir. Il y a des trucs mortels en France. Et puis s’il y a bien une époque pour jouer du rock, c’est celle-là vu le bordel dans lequel on est. C’est pour ça que ça me fait marrer d’entendre quelqu’un parler de rock à l’ancienne. C’est justement le moment de jouer ces musiques-là. Même si ce n’est pas ce que passent les radios, le public est là et vient se frotter aux concerts. Il y a un esprit dans tout ça.
Parlons de cette nouvelle cover. Pourquoi avoir choisi ce titre en particulier ?
C’est parti d’une blague. L’idée de base, c’était de répondre à notre première cover qui nous a donné un petit coup de pouce en prenant à contrepied les attentes des gens. On a voulu aller plus loin en cherchant le morceau le plus improbable possible. On a fait une maquette à l’arrache dans le camion, pendant la dernière tournée, puis en la faisant écouter autour de nous on s’est rendu compte qu’il fallait vraiment le faire. On a tout de suite su qu’on voulait en faire un clip. Ça faisait longtemps qu’on voulait travailler avec le collectif CLACK, et quand ils nous ont proposé de tourner dans un hôpital abandonné, ça nous a tout de suite semblé évident. Ils ont été hyper efficaces, on garde un super souvenir de ce tournage.
Comment avez-vous abordé cette reprise ? Quelle a été votre démarche ?
On n’a pas envie d’être un groupe de reprises, mais quand on a vu l’effet qu’a eu « Personal Jesus », on s’est dit que ça serait une bonne idée de retenter le coup. Cette fois, on a voulu aller plus loin. Il y a déjà pas mal de cover de « Personal Jesus », contrairement à « Last Night a DJ Saved My Life » qui est un peu oublié, presque ringard. La démarche, ça a surtout été de surprendre et de garder le public proche de nous avant le 3e bébé qui arrive. Pour le reste, on est surtout dans l’instinct. C’est ce nous définit autant sur scène que dans la vie. Si l’idée nous fait rire, c’est qu’il faut y aller. C’est ça qui est rock’n’roll.
Propos recueillis par Simon Aunai.
En attendant leur 3e bébé, découvrez le dernier album de KO KO MO sur Spotify :