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Johnny Mafia : "Tu peux vraiment écouter du rock français par goût, pas seulement par conviction"

Tous droits sortis de Sens - "capitale du monde" pour eux, sous-préfecture de l'Yonne pour le reste de l'humanité -, les quatre garçons de Johnny Mafia jouent avec les codes du punk garage en y apposant d'efficaces mélodies et des visuels déjantés. À l'occasion de la sortie de leur troisième album Sentimental, nous leur avons posé quelques questions pour explorer leur processus créatif. En guise de rencontre, une réunion Zoom laissant entrevoir un van blanc en arrière-plan. En espérant que ce dernier fasse bientôt office de tour bus...


Dans quelles conditions ce nouvel album a-t-il été réalisé, avec toute la complexité de la période actuelle ?

Fabio : Après le premier confinement, on s'est remis à répéter à fond. Théo avait fait pas mal de trucs de son côté, et c'est allé hyper vite. Pendant deux mois, on a fait les trois quarts de l'album, puis on a enregistré directement dans la foulée, en juillet.

Théo : On l'a enregistré chez Warm audio, un studio de la banlieue lyonnaise qui a accueilli bon nombre de groupes de punk français, comme Uncommonmenfrommars. On a enregistré avec Kris Banel, un ingé son surtout connu pour ses sonorités skate-punk années 90-2000. Le résultat est plus fat que sur nos précédents disques.


Justement, des titres comme "TV & Disney" ou "Love me Love me" sonnent presque pop punk, à la Blink 182...

Théo : Je ne pense pas à forcément Blink 182, même s'il y a également un fan ici [il pointe William et se met à rire]. On avait juste la volonté que ça sonne plus produit, plus gros.



Et pourtant l'album s'appelle Sentimental, pourquoi ce nom ?

Théo : On a eu du mal à trouver le nom, on était un peu à court d'idées... On a finalement pris celui d'un des titres : "I'm Sentimental"...


Enzo : Au départ, il était pas loin de l'appeler Rastafari ! [rires]

Cela ressemble à quoi, une session studio avec Johnny Mafia ?

Fabio : C'est chiant... [rires]


Enzo : En plus pour le coup on logeait juste au dessus du studio, on arrivait à peine réveillés le matin, pas encore vraiment habillés, puis on allait écouter ce qu'enregistrait un des autres mecs...


Théo : On avait préparé toutes les compos avant. On nous a laissé deux semaines mais bon, ça va hyper vite. Pour l'album précédent, on n'avait qu'une semaine pour enregistrer, même si ce n'étaient pas les mêmes ambitions. Mais là, on avait plus d'idées [en plus grand nombre, ndlr].


Avec ces temps d'enregistrement ressérés, pensez-vous que la contrainte vous aide à créer ?


Enzo : On ne choisit pas la contrainte, elle est là ! [rires]. Si on nous proposait un studio pendant deux mois où on serait tranquilles pour enregistrer autant que l'on veut, je pense que l'on serait tous contents.


Le deuxième single de l'album s'appelle "Trevor Philippe". Une allusion à une blague sur la ressemblance entre le personnage de GTA V, Trevor Philips, et le premier ministre français ?

Enzo, [levant le doigt en signe de correction] : Le maire du Havre !


Oui, ce n'est effectivement plus trop d'actualité...

Théo : J'avais croisé ça quelque part, ça m'avait fait marrer.

Fabio : On a fait le clip chez mon père. Il a un garage où il fait des contrôles techniques et le mobil home à côté, c'est là où il vit. Je connais cet endroit depuis très longtemps. Avec les gars, on s'est toujours dit que c'était un endroit assez marrant et assez vidéogénique.

Et le mec qui se jette dans l'étang, c'était qui et pourquoi ?

William : C'est moi !

Théo : On a voulu faire un faux plan-séquence, en fait il y a trois coupures pendant le clip.

Enzo : Parce que juste après être parti dans l'eau, il est tout sec en arrivant dans le garage...



Vous êtes un groupe de rock et par conséquent très portés sur le live, comment défendre votre projet en ces temps troublés ?

Théo : On est un peu dégoutés de faire toute la promo à distance. En plus, on va reprendre le live en septembre voire janvier, donc c'est gonflant de ne pas faire les concerts en même temps que la sortie...

Enzo : Notre première promo depuis toujours, c'est de faire des concerts...

N'est-ce pas difficile d'exister en tant que groupe de rock indé en France ?

Fabio : Nan mais la France c'est cool [rires] ! Surtout en ce moment.

Théo : Personnellement, je n'ai jamais autant écouté de groupes français...

Fabio : Et sans vouloir se soucier d'écouter du rock français. Juste par goût, et pas par convicition [rires]. Johnnie Carwash, Frustration, Cheveu...

Vous êtes quand-même vraiment sur de l'underground français là...

Fabio : Si ça peut te faire plaisir, je peux dire Callogero... [rires]


Des influences en dehors du rock ?

William : Avec Fabio, on adore Booba...


Fabio : Oui, personnellement je suis très rap. Ou même de la musique brésilienne ou d'autres trucs, mais ça ne déborde pas des masses sur le projet Johnny Mafia ; je ne suis pas sûr que cela influence tant que ça notre propre musique...


Vous n'avez jamais été tenté d'implémenter d'autres styles musicaux dans votre musique ?

Fabio : Déjà, on ne conscientise pas le style dans lequel on est : on fait de la musique et on voit ce qui en sort. Et puis il y a toujours une patte qui fait Johnny Mafia : on a chacun nos influences mais il y a toujours ce point de rendez-vous entre nos quatre. On ne se dit jamais qu'on va faire tel truc ou tel style... Et puis ça fait longtemps qu'on se connait, ça aide.


Vous attendez quoi de cet album ?

Enzo : Déjà, qu'il plaise.


Fabio : Moi j'aimerais bien qu'un jour, il soit l'album préféré de quelqu'un. C'est le truc qui me toucherait le plus, mais on attend encore...


Propos recueillis par Elie Klarsänger


Sentimental de Johnny Mafia est disponible sur toutes les plateformes de streaming.


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