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Grandma’s Ashes : « C’est important pour nous de se construire sur scène »

Entre stoner, prog et humour noir, le son des Grandma’s Ashes est difficile à décrire. Après 4 ans d’existence, le power trio nous livre un savant mélange de grosses guitares et de douces harmonies pour son premier EP. Entretien avec Eva, Myriam et Edith pour tenter de cerner la recette de rock si particulier.


© Angela Dufin

Salut les Grandma’s Ashes. Pour commencer, est-ce que vous pourriez nous raconter l’histoire du groupe ? Et surtout, d’où vient votre nom ?


Myriam : On s’est rencontré il y a 4 ans sur Internet. Eva a trouvé mon profil, on s’est vues une fois et on est restées en contact. On a trouvé Edith un peu plus tard sur le même site. On s’est mises à jammer toutes les trois. C’était vraiment super, alors on a décidé de monter un groupe ensemble.


Edith : Le nom était déjà choisi avant que j’arrive dans le groupe. Quand elles m’ont dit qu’il s’appelait Grandma’s Ashes, j’ai tout de suite voulu le rejoindre (rires). Elles voulaient un nom à base d’humour noir, quelque chose de sombre et rigolo.


Eva : C’est exactement ça. On cherchait quelque chose qui fasse un peu rire jaune.


Cet humour noir se retrouve d’ailleurs dans vos paroles.


Eva : Ouais, on l’utilise beaucoup pour parler de sujets pas très gais. On raconte des histoires de personnages qui ont un destin funeste, alors on essaie de tourner en dérision les paroles pour ajouter de la légèreté. C’est aussi de la pudeur, on s’éloigne du sujet pour ne pas le prendre trop à cœur.


On vous demande souvent ce que c’est d’être un groupe entièrement féminin ?


Myriam : Dans toutes les interviews, quasiment.


Edith : Ce que ça fait d’être une artiste féminine, aussi…


Eva : À chaque fois qu’on nous pose cette question, on a envie de rire. On se dit que c’est pas très pertinent. C’est pas comme si on revendiquait le fait d’être trois filles.


Myriam : Exactement. À la base, on ne cherchait pas forcément d’autres filles musiciennes, juste d’autres gens avec les mêmes affinités musicales. Des fois, on nous dit qu’on fait de la « musique de filles ». Mais c’est quoi de la musique de filles ? Qu’on soit des filles ou des mecs, ça ne change rien à la musique.


L’autre chose qui saute aux yeux, c’est aussi votre esthétique, une sorte de gothique mélangé à des influences 70’s.


Eva : On est toutes les trois très différentes, on a des influences vestimentaires et musicales assez éclectiques. Donc ce style-là, c’est un mélange de nous trois. Le gothique, ça nous paraissait évident. Avec les thèmes qu’on aborde, on ne se voyait pas mettre des robes à fleurs multicolores. On a opté pour un truc peu dark mais qui reste classe, d’où le côté 70’s pour dénoter du côté fifille.


Myriam : On aime aussi l’aspect cinématique de la chose. On a énormément parlé de Peaky Blinders quand la série est sortie, parce que c’est une esthétique qui nous parle beaucoup, avec ce côté gang très dark. Entre les yakuzas et la mafia sicilienne.


Passons à la musique. Vous vous revendiquez de la mouvance stoner. Pouvez-vous nous donner votre définition de ce style ?


Myriam : Le stoner, c’est un mouvement qui est né aux États-Unis dans les années 90 avec des groupes comme Kyuss. En gros, c’est des gros riffs très lourds et lancinants. C’est justement cet aspect qui nous a attirées quand on a commencé à jouer ensemble. Quand les gens viennent nous voir en live, il suffit de faire une seule note pour avoir les entrailles qui sortent. Après, ce qui nous différencie, c’est qu’on aime aussi la pop et les choses plus harmonisées, plus écrites que le stoner qui reste très « jammy ». C’est aussi pour ça qu’on diversifie nos influences, comme le prog des années 70 et ses structures longues. Ça nous fait kiffer d’avoir cet aspect narratif, absent du stoner.



Vous avez aussi parlé de la dimension narrative dans vos chansons. Quel genre d’histoire aimez-vous raconter ?


Eva : On aime beaucoup les personnages mythologiques, d’où la cover de l’EP. Souvent, on se sert de personnages qu’on connaît et de ce qu’on expérimente nous-mêmes. On raconte surtout des épopées, comme dans Daddy Issues.


Edith : Avec le prog, on a déjà cet aspect narratif puisque la musique est évolutive.


Myriam : On fait de plus en plus attention à bien retranscrire ce qu’on veut faire ressentir par la musique, comme au cinéma. On se base énormément sur les sentiments qu’on veut faire ressentir pour composer.


L’instru sert-elle d’abord le propos, ou est-ce les paroles qui passent en premier ?


Eva : Il n’y a pas d’ordre particulier. Parfois, l’une de nous ramène des paroles et on se pose pour savoir de quoi ça parle avant de jammer. Des fois, on se lâche et si ça prend forme, on réécoute et on se demande à quoi ça nous fait penser. On essaie toujours d’incarner un sentiment quand on joue. L’instru est là pour donner du sens au sujet.


Myriam : On discute beaucoup entre les répets. On se raconte les choses qui nous arrivent ou qui nous touchent dont on aimerait parler en chanson. On essaie de faire coller la musique à ça.


Grandma’s Ashes existe depuis bientôt 4 ans maintenant, et vous sortez votre premier EP. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ?


Eva : En fait, on l’a enregistré il y un plus d’un an, donc deux ans après la création du groupe. Je pense que c’est un temps d’incubation raisonnable pour savoir ce qu’on avait envie de faire. En 2 ans, on se met à jammer, on fait des concerts… C’est important pour nous de se construire sur scène.


Edith : On a vraiment tordu les morceaux dans tous les sens. Ça nous a permis de faire évoluer notre son. Si on l’avait enregistré à nos débuts, je pense qu’on en aurait honte aujourd’hui. Là, on en est satisfaites. C’est une forme figée qui nous plaît.


Comme vous l’avez mentionné, les concerts font partie intégrante de votre identité. Comment vous y prenez-vous pour les préparer ?


Edith : On n’arrête jamais (rires). On aime bosser notre set, on veut être au top quand ça reprendra. On continue d’organiser des dates pour cet été.


Eva : Notre méthode de travail, c’est vraiment de rester rigoureuses malgré la situation. On doit continuer à défendre nos compos, même entre nous trois.


Myriam : On a eu de la chance dans le développement de notre projet finalement. On a eu le temps de se poser et d’affiner notre univers, d’un point de vue musical et visuel. Ça a été une opportunité d’écrire beaucoup et de se poser des questions.


C’est un EP assez compliqué à résumer, car il propose beaucoup de choses différentes. Comment donneriez-vous envie aux gens de l’écouter ?


Edith : Eva a une voix magnifique. (rires)


Eva : Sans vouloir manquer d’humilité, je pense que c’est un EP qui amène un peu de fraîcheur dans le paysage du rock.


Myriam : Je dirais qu’il faut se laisser glisser dans les émotions. Il ne faut pas essayer de comprendre, mais juste fermer les yeux et se laisser porter sans lutter. C’est un EP d’introspection où on parle beaucoup de nos émotions. C’est important de l’écouter dans un moment intime.


Propos recueillis par Simon Aunai


Découvrez dès aujourd'hui le premier EP des Grandma's Ashes sur Spotify :


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