On avait hâte de les retrouver depuis novembre 2018 et la sortie de leur premier EP Unknown Homes, c'est chose faite puisque le plus américain des duos français a sorti le 9 octobre dernier son premier album Domestic Eyes, signé dans le label indépendant et maison de production Les Disques Pavillon. Sur ce nouveau projet, le groupe est toujours aussi bien entouré, puisqu'à l'instar de leur premier EP, l'album a été mixé par D. James Goodwin (Kévin Morby) et masterisé par Phil Bova (Andy Shauf, Devendra Banhart). À travers 12 titres toujours aussi pop-mélancoliques et émouvants, Fast Friends nous fait voyager dans une Amérique rêvée, et apporte un regard chargé de nostalgie et d'élégance sur la synth-folk. On s'est retrouvé (et on s'est réchauffé) avec Jules et Jim.

Hello Julien, j’espère que tu vas bien ! Peux-tu présenter le groupe en quelques mots pour nos lecteurs qui ne vous connaitraient pas ?
Julien : Nous sommes 2 amis de longue date (c’est ça, la vraie signification de notre nom, en fait). Nous avons commencé à jouer ensemble dans un groupe nommé Erevan Tusk il y a plus de 10 ans. Au bout de 3 ans, j’ai quitté le groupe, Jim a continué. En 2016, nous avons recommencé à travailler ensemble et avons monté Fast Friends, autour des chansons de Jim et de mes arrangements. On a sorti un premier EP fin 2018, un EP de reprises, et enfin un premier album sorti au début du mois d’octobre.
Vous venez de sortir votre premier album Domestic Eyes, si vous deviez en décrire l’ambiance en quelques mots quels seraient-ils ?
On espère que c’est un album intime, malin, touchant et surtout sincère. Sincère parce qu’on ne suit pas de courant musical particulier, on ne suit pas la mode, on chante en anglais dans un paysage français qui n’est pas spécialement ouvert à la langue de Nelson Monfort. Mais l’album est super bien accueilli, c’est une très belle surprise.
Pouvez-vous nous expliquer la pochette de votre album ?
Les gars du label et nous avons été unanimes sur le choix de cette image. Elle provient d’un fond d’archives photographiques monté par un Français exilé en Chine. Ce fond - dont on peut voir un aperçu sur le site Beijing Silvermine - est constitué de photos prises dans les années 70 et 80 en Chine. Et parfois l’usure, des dégâts plus ou moins importants, provoquent des effets hypra intéressants sur les images. C’est le cas sur la nôtre. Le titre de l’album provient de la chanson ‘Amber’. Ces yeux familiers du titre, les retrouve-t-on dans le regard de ce chien ? Ou bien est-ce un chien sauvage et potentiellement dangereux ?
Comme sur le précédent EP, c’est le label Les Disques Pavillons qui vous accompagnent sur cet album, comment s’est fait cette collaboration ?
Notre premier EP était entièrement finalisé lorsqu’on a commencé à travailler avec eux. Par contre, pour l’album, ça a été plus d’un an d’étroite collaboration, que ce soit pour les arrangements finaux, le choix des chansons, l’artwork et la production. On a finalisé la pochette pendant le confinement, en visio-conférence, et on s’en est sortis !
On parle souvent de vos inspirations de groupes mythiques tels que les Pixies, les Sun Kil Moon ou encore Destroyer, trouvez-vous des sources d’inspirations dans des groupes plus récemment formés ?
Les 3 groupes que tu mentionnes nous accompagnent depuis longtemps, ils ont nourri de façon indélébile notre savoir-faire musical et nos ambitions artistiques. Ils sont mythiques parce qu’ils ont une personnalité unique et suivent chacun une ligne directrice en dépit, je dirais, des modes, des courants, des attentes de leur public. Ils sont décidés à surprendre leurs fans, c’est-à-dire à miser sur leur intelligence. Et ça marche. Les fans en sont reconnaissants. Parmi les artistes récemment formés, peu de choses nous ont charmés récemment. On pourrait citer cependant The Lemon Twigs, Alex Cameron, AA Bondy ou Big Thief.
Sur cet album, il y a de jolies invitations, et notamment celle de la chanteuse américaine Heather Woods Broderick, comment s’est fait cette collaboration ?
D. James Goodwin, l’ingénieur qui a mixé notre premier EP ainsi que l’album – a produit Invitation, le magnifique album de Heather sorti l’an dernier. C’est grâce à lui que nous avons pu demander à Heather de chanter le titre "Nightingale". Et Jim a proposé qu’elle chante la chanson en lead. Elle a enregistré ses voix en tournée, si je me souviens bien. Elle a fait quelques discrètes propositions, et tout nous a plu.
La collaboration rêvée ?
Un groupe composé de 2 musiciens, c’est chouette, on passe bien moins de temps à faire des compromis et à convaincre les autres. Cependant, on a enregistré l’album chez moi, sur une période de 2 ans. Pour éviter la lassitude et un relatif sentiment de solitude, on a eu envie d’ouvrir le projet à d’autres, des amis ou bien, dans le cas d’Heather, à des gens talentueux qu’on ne connaissait pas personnellement. Ça a enrichi le disque, en termes de couleur, de textures, et ça nous a aussi obligé à nous montrer à la hauteur de ces invités.
En terme de collaborations rêvées, on rêve d’inviter des guitaristes soniques tels ceux de Destroyer ou de Big Thief, ou bien des fous furieux, comme Kirin J. Callinan ou Ariel Pink.
Imaginez-vous écrire un jour des chansons en français ?
Jim compose en français depuis peu, mais pour d’autres projets. On commence à travailler sur de nouveaux titres et ils sont tous en anglais. Jim étant complètement bilingue et nos textes étant pris très au sérieux lors de l’élaboration des titres, on se sent très légitimes dans notre démarche.
Souhaitez-vous parler d'une actualité prochaine à venir ?
On aimerait vraiment défendre l’album sur scène, mais il semblerait qu’en ce moment les dieux soient contre nous... et contre toute la musique en général ! On bosse actuellement sur un 3ème clip, qui clôturera une trilogie basée sur des images d’archives. Les 2 premiers sont à retrouver sur la page Youtube de notre label.
Propos recueillis par Apolline Pournin