David Numwami, sort aujourd’hui son premier single “Le Fisc de L’Amour” et pourtant il n’est pas un inconnu du monde de la musique. En effet, David s’est fait discret jusqu’alors mais son talent a parlé pour lui. Certains ont pu le voir aux côtés de Saint DX en tant que musiciens pour Charlotte Gainsbourg aux travers les quatre coins du monde. Ou encore à travers son projet nommé “Le Colisée” (qu’on connait chez Tourtoisie Music via le sublime remix pour Paradis) qui l’a mené à travailler avec Nicolas Godin ou encore Flavien Berger ou même en première partie d’Hubert Lenoir.

Pour notre part, on a été, pour la première fois, charmé à la Houle Sentimentale #{ de Microqlima, sur la péniche “Le Canal Barboteur” à La Villette. C’était une douce soirée de fin d’été et la Houle est devenue un rendez-vous régulier pour découvrir de nouveaux artistes. David Numwami presqu’un an après n’est qu’un vague souvenir sonore et visuel, mais on se souvient du ressenti qu’on a eu. Les larmes aux yeux. D’abord, pour sa musique, à travers laquelle il insuffle tant de passion et de beauté. Allez savoir comment, mais le son de David Numwami est d’une pureté si innocente et juste que l’on est à la fois bercés et subjugués. Autant subjugués que la grandeur de notre déception lorsqu’on a voulu réécouter le lendemain, et que David restait introuvable sur les plateformes. Heureusement, il y a un live enregistré à Bruxelles disponible sur Youtube.
Ensuite, on a été charmé par sa personnalité qu’on a pu entrevoir via ses interactions avec le public. Le live était une sorte de communion quasi silencieuse avec le public teinté d’une indifférence naïve, où l’on était spectateur de l’univers de David, presque des incrustes. C’était intimiste, comme si David composait pour lui-même dans une chambre, une pièce, un studio, la porte entre-ouverte et qu’on tendait juste l’oreille discrètement, pour ne pas déranger cette créativité mystique mais l’écouter encore un peu.
David Numwami est un peu un de ces ovnis de la nouvelle scène francophone (enfin il faudrait dire belge). Diplômé en philosophie et en musicologie, David porte définitivement bien son nom “Numwami” qui signifie “voici le roi David” en rwandais, dont il est originaire. Principalement musicien de session, arrangeant et composant des morceaux pour d’autres, c’est peut-être cela qui donne à son projet solo cette sensation de trésor caché.
“Le Fisc de l’Amour”, en voilà une joli façon de chanter l’amour, thème intemporel, et inlassable, ici flirtant avec la mélancolie, qu’on aime tant. Dans ce morceau, David parle de son expérience amoureuse en tant que musicien en tournée : L’amour est compliqué quand on est en tournée, parce qu’on est loin de tout, et c’est de ça dont je parle dans ce morceau. Au fond, c’est un peu ma façon de demander pardon et d’accepter le karma, avec un peu de légèreté. Rien de très dramatique, juste une envie de faire mieux !
Des paroles qui ont fait écho en nous pour évoquer tout simplement les relations amoureuses, et l’investissement amoureux qu’on ne sait pas forcément donner, mêler aux cicatrices que chaque relations tatoue sur nos peaux. “Toutes les femmes de ma vie vont m’abimer, m’éxécuter pour tout l’amour que je n’ai pas donné”
Des réflexions très intéressantes sur ce vaste sujet, ici comparé à l’argent, et cette jolie phrase “Je suis ruiné / Chacun son tour / Voici le fisc de l’amour”, exprimant avec philosophie et légèreté notre égalité face aux expériences amoureuses, que ce soit dans les réussites et les échecs. Avec cette jolie succession d’accords mélancoliques accompagnés d’une ligne de basse insouciante, on vous assure que c’est le nouveau morceau à passer à la fin de vos soirée pour danser sur un slow hors du temps.

Ambiance rétro vintage des années “septantes”, autant dans la musique que dans le clip aussi magnifique que le morceau réalisé par Moodoid, aka Pablo Padovanni. Epuré, sincère et pur, on y retrouve David dans un décor blanc composé de quelques éléments de couleurs qui débarque sur skate dans cet environnement. Un charme accentué par un côté kitsch ici sublimé : sous-titres façon karaoké, regards caméras bien lancés, zooms ralenties, plans serrés, dé-zooms rapides, c’est un clip presqu’enfantin, tant il est riche en simplicité, finalement comme les paroles de la chanson.
Un clip charmant, qui tire ses références dans les années 70, entre le live de Serge Gainsbourg en 1969 sur le morceau “Elisa” où Gainsbourg déambule dans un décor blanc entre plusieurs femmes. Hors ici, David déambule dans son décor, dépourvu de femmes.
Micro avec fil et décor blanc, c’est aussi ce qui fait le charme du live de Barbara & Georges Moustaki pour la” Dame Brune” en 1967, autre référence pour ce clip.
Conclusion, l’amour c’est cool et David Numwami également.
Soit ça, soit ne tombez pas amoureu.se de musiciens.nes qui partent en tournée.
Prisci Adam