A bon entendeur, concerts marquants. Les salles de concerts, le live, la scène, qui y-a-t-il de mieux ? La raclette, l’odeur de l’après pluie et le vin blanc peut-être ? Certes. Néanmoins, un bon concert, qu'est-ce que c’est bon ! Direction nos derniers coups de cœurs.
5 février 2019 : PI JA MA, la Maroquinerie
La rue Oberkampf est un des trésors de Paris pour qui sait où se rendre. Du côté des aficionados de musiques, entre bons bars et petites salles de concerts, il y a de quoi se perdre. La Maroquinerie, entre autres, reste la garantie d’un moment de qualité avec une programmation « indé », sa salle en amphithéâtre, et son public toujours dynamique.

Avant l’artiste de Cinq7, la jeune mannequin-actrice-chanteuse Lean Chihiro, espoir 2019 des Inrockuptibles, a su faire tomber nos manteaux d’hiver et nous embarquer dans son univers avec des morceaux tels que Eww Starf, Ca$h in Ca$h out ou encore Summer Hunter.
Pi Ja Ma, tout de blanc vêtus, ont pris possession de la scène et marqué les esprits en nous présentant leur nouvel EP très réussi : Radio Girl. Alliant la voix de Pauline de Tarragon au savoir-faire du talentueux compositeur Axel Concato, cette rencontre s’inscrit dans un monde à la croisée de Jefferson Airplane, Doors et Kate Nash.
Les mélodies sont efficaces, les rythmes entrainants et, chose rare chez des artistes de cet âge, l’univers est défini. En live, on a répondu positivement à l’invitation à prendre place à bord de leur machine à remonter le temps pour rendre visites aux sixties tant fantasmées et aux doux souvenirs de l’enfance.
Les sonorités de PI JA MA sont un peu les madeleines de Proust de la musique. Un beau voyage marqué par plusieurs temps forts : Ponytail, Radio Girl et Vertigo, très efficaces en live, mais aussi les arrivées de Halo Maud pour deux morceaux et la chanteuse à la voix cristalline Pomme.
Bonne humeur, bonne musique et esprit bon enfant étaient au programme de cette soirée dont on se rappellera.
7 février 2019 : Gus Dapperton, la Maroquinerie
On a remis les pieds à la Maroquinerie deux jours plus tard pour une ôde aux marginaux avec en leader du mouvement Gus Dapperton, coupe au bol couleur or, ovni de la pop indé.
La connexion entre le public et le new-yorkais était envoutante. Une voix singulière mêlée à des instrus efficaces ont amené la formation de pogos, guidés par l’énergie du groupe.
Sur les temps calmes, à l'image de "I have lost my pearls", gorges nouées et regards évadés se lisaient sur de nombreux visages. Une vibe contrastante avec la réactivité de la salle sur les morceaux les plus dansants comme "I’m just snacking, Prune, you talk funny" ou encore "World Class Cinema". Moment fort du concert, "Gum, Toe and Sole", la salle réagissant dès la première demi-seconde du morceau, venant presque à couvrir Gus.
Enfin, très beau final, qui aura surpris les non habitués des concerts de Gus : une reprise d’un morceau des années 60, très fédérateur, un appel à la dernière danse fougueuse et surtout à un magnifique bain de foule. On vous taira le titre pour ne pas vous gâcher la surprise au prochain concert.
C’était donc « mieux qu’à We Love Green, et à We Love Green c’était vraiment bien » car la Maroquinerie nous a bien traité, à nouveau.
8 mars 2019 : SWMRS au Point Ephémère

Par pure curiosité, on s’est rendu au concert de SWMRS en connaissant seulement quatre titres pour un Point Ephémère complet et un concert mémorable, tant il fut impropable.
Sur scène, un quintet à deux têtes, on découvre que SWMRS ce n’est pas une voix mais bien deux ! Les deux frères Becker chantent à l'opposé : l’une des deux voix est puissante et éraillée, tandis que l’autre est plus douce et feutrée. Une union qui se fait dès le début sur le très connu "Trashbag Baby".
« So first off, i hate you », sont donc les premiers lyrics entendus, annonçant la couleur : ce soir c’est rock indépendant, ambiance teenage punk croisée aux origines surf rock des Californiens à la chevelure blonde. Dès le second morceau, le chanteur principal, en transe du début à la fin, amorce le premier pogo. Un énorme trou prenant les ¾ de la salle se crée, avant la collision des corps qui ne tarderont pas à devenir luisants.
Ôde à Miley Cyrus de toute la salle scandant « miley you’re a punk rock queen » sur l’attendu morceau "wtf Miley" avant LE problème technique de la soirée. Cela n’a pas arrêté Cole Becker qui, probablement fort d’une LV2 français, a entamé "Le temps de l’amour" de Françoise Hardy sur une guitare acoustique. Force est de constater que le public français connait mal son patrimoine car après le refrain, c'est le yaourt complet. En pleine coupure de courant, l'ambiance tourne au match de foot : parmi quelques « CHAMPIONS DU MONDE », le chanteur entonne une Marseillaise reprise en cœur par le public.
L'électricité rétablie, les pogos ont repris. Lancers de carte d’identité au chanteur (c’est plus rock que les soutifs), bains de foules en tous sens, collisions au sommet. Sifflé à la perfection, le morceau "Lose It" a marqué la fin d'une belle soirée inattendue et frénétique.
Ce furent donc trois beaux concerts, intenses sur tous les plans. On attend autant des concerts du mois de mars, en espérant vous croiser au milieu des pogos.
Par la Rédac'.