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B.O.BINES #29 : Les Magnétiques, décharge électrique à l'écran

Chez Tourtoisie, on aime autant danser dans les salles de concert que s’asseoir au fond d’un siège moelleux devant un écran géant. En prêtant toujours une oreille attentive au contenu audio des films, une fière équipe de frondeurs est heureuse de vous présenter B.O.BINES, la branche cinématographique de Tourtoisie. Cinéma indépendant, bandes originales renversantes, compositeurs émergents… C’est avec grand plaisir que chaque semaine, nous vous partageons nos coups de cœurs musicaux du grand ... et du petit écran .


Les Magnétiques © Paname Distribution

Deux frères, une radio pirate, le début des années 80, le service militaire, la musique d'une nouvelle époque. Le premier film du réalisateur Vincent Maël Cardona nous emmène avec un brin de nostalgie et beaucoup d’énergie dans une décennie de changements, qu’il semble avoir traversé avec passion.


Philippe est le petit frère. Génie technique et musical plutôt réservé et surtout grand admirateur de son grand frère Jérôme, qui porte avec charisme la voix de la radio pirate P4 qu’ils ont monté tous les deux, alors que les radios libres n'étaient encore autorisées en France. Leur vie en Bretagne tourne autour de la fête, des copains, de la musique évidemment mais aussi de Marianne, nouvelle petite amie du grand frère. Lorsque Philippe quitte la maison familiale pour effectuer son service militaire, il découvre Berlin, le punk ; et à travers ses propres expérience, se détache peu à peu de l'ombre de son grand frère. A son retour dans la maison familiale, la relation entre les deux frères est ébranlée et le passé glorieux de P4 est révolu.


Les Magnétiques © Paname Distribution

Avec Les Magnétiques, on se délecte d'une imagerie à la fois fantasmée mais très réaliste du début d'une nouvelle décennie - et d'une musique qui marque au fer rouge l'esprit de l'époque. Mais le film est loin d'être une simple reconstitution vintage. On comprend que la nostalgie évidente du réalisateur pour cette époque tient au souffle de liberté, presque naïf, instigué à une jeunesse alors en rupture avec la société de papa. Une liberté un peu utopique, dans une société qui reste corsetée. En effet, comment s’affirmer loin de la masculinité socialement construite, entre un frère grande gueule et un père autoritaire - tous deux incapables d'exprimer leurs sentiments - « C’est con les mâles alpha » dit Philippe, et l'on ne peut qu’acquiescer.


L'amour du réalisateur pour cette époque est contagieux, et la musique n'y est pas pour rien. On sourit d'entendre du Iggy Pop, on écoute avec émotion la voix de Ian Curtis de Joy Division, et on s'immerge un peu plus en profondeur dans ces années-là en Allemagne avec Die Krupps, LÖTFETT, Robert Gorl ... Le compositeur Gabriel Sztanke a complété cette playlist de ses propres compositions : s'entremêlent quelques touches d'électro et de magnifiques cordes, longues lignes ou tapées, qui vont de concert avec les nuances dramatiques du film, et des relations fraternelles troublées.


En ce mois de Novembre, Les Magnétiques, transmet au spectateur molasson d'un dimanche pluvieux, l'énergie nécessaire pour terminer l'année. En explorant les relations entre deux frères, à un moment de basculement entre l'ancien et le nouveau monde, Vincent Maël Cardona offre beaucoup de lui dans un premier film doué d'une sensibilité et d'une véritable sincérité.


Les Magnétiques par Vincent Maël Cardona, est actuellement en salles de cinéma.

La bande originale composée en partie par Gabriel Sztanke est disponible sur les plateformes.


Par Emma de Bouchony




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