Chez Tourtoisie, on aime autant danser dans les salles de concert que s’asseoir au fond d’un siège moelleux devant un écran géant. En prêtant toujours une oreille attentive au contenu audio des films, une fière équipe de frondeurs est heureuse de vous présenter B.O.BINES, la branche cinématographique de Tourtoisie. Cinéma indépendant, bandes originales renversantes, compositeurs émergents… C’est avec grand plaisir que chaque mois, nous vous partageons nos coups de cœurs musicaux du grand ... et du petit écran .

Avec un titre comme celui-ci, Playlist, long métrage sorti au cinéma la semaine dernière, a forcément attisé la curiosité de l’équipe de B.O.BINES. Une comédie fine et piquante réalisée par la très talentueuse dessinatrice de bande dessinée Nine Antico, (allez découvrir ses dessins sur son compte instagram). On se régale de cette petite madeleine pleine de dérision, d’amour et de sincérité.
Sophie, serveuse dans un bar puis au service presse d’une maison d’édition, s’accroche pour réaliser son rêve : être dessinatrice de bande dessinée. Elle s’accroche aussi dans ses rencontres successives de garçons : Jean, Grégoire, Benjamin... et aimerait bien remettre un peu d’ordre dans sa vie. Essuyant échecs amoureux et désillusions professionnelles, puces de lit et patron acariâtre, il serait tentant de baisser les bras. Sara Forestier joue à la perfection ce rôle de femme persévérante, drôle et touchante dans ses péripéties. Tourné en noir et blanc alors que le film est très pop et qu’il se déroule à notre époque : la quête d’accomplissement personnel (et aussi d’amour !) est en effet intemporelle. Autre originalité : la voix off. Une voix grave de narrateur, qui suit Sophie et tire les conclusions de ses aventures, comme une vraie parabole.
"Peut-on parler d’un autoportrait ?" Demande une journaliste de France Culture à un auteur de bande dessinée signé dans la maison d’édition dans laquelle travaille Sophie. On pourrait poser la même question à la réalisatrice dont c’est le premier long métrage, tant les galères amoureuses et professionnelles de Sophie semblent à peine inventées. Et notamment la difficulté d’épouser une carrière artistique, alors que tout pousse à abandonner pour une vie plus stable.

Comme son nom l’indique, le film est une liste : de garçons mais également des différentes étapes du parcours de Sophie, joué par la bande originale. On regarde le film comme on écouterait une mixtape des années 90 et on trouve de tout. Le morceau « True Love will find you in the end », titre folk de Daniel Johnston (également dessinateur, tiens donc !), revient comme un refrain et marque d’une pierre blanche les déboires sentimentaux de Sophie, tout comme la présence du morceau « Les yeux pour pleurer » de Nana Mouskouri, ballade romantique universelle - le genre de musique triste qu’on écoute alors qu’on est déjà triste, pour pleurer encore un bon coup. Le registre musical doux-amer parcourt les états-d'âme de Sophie. Mais c’est surtout un joyeux micmac de morceaux pop indé des années 90, musique que Sophie affectionne particulièrement. Les sons « Dicevi a me » de Dame Area et « What’s up Girls ? » de Catisfaction, résonnent comme un cri de guerre, on est prêt.e.s à en découdre. Alors que « To the East » de Electrolane est plus léger, très pop, un peu nostalgique, tout comme la musique du générique « A. Team » de Julie Margat, alias Lispector, qui scande "We have ambition [...] so please don't give up".
Finalement, Playlist utilise un procédé vieux comme le monde, la musique comme exhausteur d’émotions... en même temps quoi de mieux ?
Playlist est une ode à l’amour, aux montagnes russes émotionnelles, aux garçons, aux copain.ine.s et puis à la musique. Un film qui donne le sourire aux lèvres, dont l’humour décalé dépasse les galères. Après une période sombre, on célèbre avec ce film le retour des petits plaisirs de la vie. Merci Nine Antico !
Playlist de Nine Antico est disponible en salles depuis le 2 juin 2021.
La bande originale est disponible sur les plateformes de streaming.
Par Emma de Bouchony