Musicienne d'origine suisse et marocaine, Ana Ford cumule les talents créatif entre danse, comédie et musique. Son premier titre, Baghdad, sorti en septembre percutant et entêtant montre le potentiel de cette artiste. Nous laissant impatients, on se devait de vous présenter Ana Ford. Entretien.

Hello Ana, tout d’abord comment ça va en 2021 ? Salut! Tout va bien pour moi hamdoullah, même si tout le monde prend cher en ce moment (surtout la culture)! J’espère que vous ça va aussi! Tu as sorti ton premier clip et single en août dernier, tu peux nous en parler ? Il s’appelle « Baghdad ». J’ai hésité longtemps, je ne savais pas quel single je devais sortir en premier. Lorsque le premier confinement a été annoncé au mois de mars 2020, je me suis dit que les gens auraient besoin d’un titre comme celui-ci. Il est doux et violent à la fois, morose aussi mais sans virer dans le pathos. C’était un moyen pour toi de te présenter ? Je ne sais pas… Je sais juste que dans ma tête et dans ma vie c’est souvent baghdad. On se bat tous contre quelque chose, contre soi-même, ou pour soi-même. Ce premier titre me représente assez bien. Sur le clip tu as tout fait avec Pascal Greco, de la réalisation au montage, c’est une volonté pour toi de tout faire sur ton projet? Oui, d’abord parce que j’adore tout ce qui a trait à la création: écriture de scénario, mise en scène, réalisation, montage…Mais aussi parce que j’ai besoin de sentir que j’ai le contrôle, c’est pas très glamour de dire ça. Je rigole intérieurement pendant que j’écris ces lignes. Le clip est très joli avec des images très épurées, on y voit une femme qui se fond dans le décor mettant au premier plan la couleur rouge sang, c’était quoi la symbolique ici ? La mort et la renaissance, la douleur aussi. Elle saigne de la bouche, des poignets et de l’entre-jambe, et je trouvais la symbolique d’autant plus cool qu’on a tourné cette scène dans une église. Lorsqu’elle apparaît vêtue de rouge, sur ce fond vert avec l’étendue d’herbe et l’arbre en arrière plan, on est dans une sorte de « subréalité », un « entre deux mondes » (rien à voir avec l’enfer ou le paradis). Lorsqu’elle réapparaît dans l’église, vêtue cette fois du petit veston et d’un pantalon blanc, elle est morte en réalité, ou on peut dire que c’est une autre version d’elle-même.
Comment tu es arrivé à la musique ? Qu’est ce qui te nourrit et pourquoi tu as eu ce besoin de t’exprimer via ce biais ? Je fais de la musique et j’écris depuis que je suis toute petite. En tant que Nord Africaine et Arabe, la musique fait partie intégrante de ma vie, c’est ma troisième langue maternelle. Ca ne m’étonne pas d’avoir pris ce chemin. En côtoyant quelques MCs, c’était évident pour moi que je voulais faire pareil, et ça a été très naturel et facile pour moi d’écrire des vers et de les rapper.
Ce qui me plaît dans le rap, c’est l’impression de pouvoir être véritablement moi-même. Je peux parler de choses intimes. Je suis très pudique et me confie difficilement dans la vie, mais dans ma musique je sens que j’ai le droit de le faire et je me sens en confiance et en sécurité. On est tous très ambivalents et nos façons de fonctionner sont paradoxales. J’aime avoir le droit d’être fragile tout en étant hyper arrogante dans mes textes, dans mes titres.
Qu’est ce que tu as envie de transmettre via la musique ? Je fais de la musique pour me faire du bien, me faire kiffer et ça marche. J’espère que ça produit le même effet sur les gens qui m’écoutent. C'est quoi la suite ? Je sors bientôt mon prochain single et on prépare mon premier projet. J’ai tellement hâte! Chez Tourtoisie on soutient les artistes émergents, tu aurais des artistes a nous conseiller ? Oui! Badnay, Tyriss, Makala, Danitsa, Maïro, Rose Damazone, Sabrina Bellaouel, Flèche Love, DeWolph!
Par Prisci Adam