
Le ciel est d’un bleu éclatant, fondu dans l’immensité de l’océan. Une légère brise souffle sur la plage, une guitare et une voix à la Bon Iver résonnent sans être vues. C’est le voyage que suscite “And I Wonder”, premier titre feutré de All for Nada, le premier album du Montréalais Alex Nicol. Et les paroles de ce morceau doux amer ne sont pas pour arranger cette vilaine envie de sable et d’été : “I remember summer / Days under the awning / Crushing little rocks”.
En huit titres, All for Nada dégage une chaleur indéniable, malgré ses chants écorchés. Résolument folk et vintage, il tire sa force dans une douce batterie, à la fois présente et discrète, qui vient rythmer quelques histoires de coeur brisé. Le point d'orgue de toute la mélancolie du disque se trouve sur l'ultime morceau, ballade déchirante au piano, sur laquelle se pose la voix androgyne du chanteur. Conçu à plusieurs paires de mains, All For Nada doit son titre à la compagne du musicien, également directrice artistique du projet – Nada Temerinski.
À la manière d’un fleuve sinueux, qui traverserait des contrées tropicales et sauvages, les morceaux se suivent et s’enfoncent vers des sonorités plus atmosphériques, à commencer par l’envoûtant “Levitate”, au ton très feutré, sublimé par une basse presque imperceptible. Conçus avec prévision et subtilité, ces huit morceaux se fondent dans un premier disque brillant, à la longueur mesurée et bien choisie. À consommer allègrement pendant les semaines de confinement à venir.
Par Lolita Mang